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29 janvier 2022 6 29 /01 /janvier /2022 13:12

Topomine est un nouvel outil en ligne qui permet de générer des cartes à partir des noms de lieux. Nous allons faire un petit tour dans le temps et l'espace avec cet outil, sous un angle différent. Il a l'avantage d'être très visuel et rapide d'utilisation, mais il faut bien garder en tête qu'il ne remplace pas une vraie étude toponymique, pour plusieurs raisons :

_Tout les noms de lieux ne sont pas intégrés.

_Il ne prend pas en compte les noms de lieux disparus

_Il y a de la "pollution" ou du "bruit", c'est à dire qu'il peut compter des toponymes qui n'ont rien à voir

_Il n'étudie pas les formes anciennes à votre place

 

Bref, c'est un robot. Malgré ses défauts, ses cartes permettent de donner une idée.

 

 

1) Antiquité, Les noms en -ac

Recherche : %ac

Pollution : "gac", "kerisac", "lac", "bac",...

Exemples : Mussillac, Muzillac, Mezillac, Missiriac, Carnac, Callac,...

En Bretagne, il y a des noms en -ac (comme en zone d'Oc). C'est un vieux sujet de recherche et nous en avons déjà souvent parlé ici. Ce sont des noms d'origine gauloise qui ont pu avoir une influence phonétique bretonne. Sur cette carte on peut voir que la presqu'île guérandaise est au coeur du phénomène. Pour deux raisons, le renouvellement de la toponymie au Moyen Âge y a été manifestement moins fort et parce que le breton local a gardé "-ac" tel quel (ailleurs, dans les zones bretonnantes, il est souvent devenu "-ec" et donc "invisibilisé"). Ce trait affecte même le lexique moderne, comme par-exemple "spineg" (aiguillat) prononcé localement "spinag".

On remarque un autre "cluster" en Basse-Bretagne : le haut vannetais. En zone mixte : le pays de Redon et la Rance.

 

 

2) Premier Moyen Âge, Noms en "tré"

Recherches : tre%, tré%

Pollutions : noms gallos du type "trélebois", heureusement pour notre robot, rarement en un mot

Exemples : Trégouët, Tréffieux, Trélogo,...

Comme ce mot était surtout actif pendant le premier Moyen Âge, dans les zones alors bretonnantes, la différence entre la Basse et Haute Bretagne actuelle n'apparaît pas ici. On remarque une forte concentration autour de la Rance, l'est du vannetais et la presqu'île guérandaise, un petit peu comme sur la carte précédente. Le pays Bigouden, le Cap, Carhaix (!) et le Léon sont aussi bien représentés. En revanche, il y a une bande noire qui traverse le centre de la Bretagne. Des traces des zones plus ou moins peuplées à l'époque ? Si c'est le cas, ces foyers de populations sont près des axes de liaisons Atlantique-Manche : côtes finistériennes, Mor-Bras>Vilaine>Rance (commerce du sel et du vin vers la Grande Bretagne ?). On comprend aussi mieux, avec ce genre de carte, pourquoi des centres de pouvoir du haut Moyen Age breton se situaient dans des endroits comme Redon ou Renac et pourquoi cette zone était aussi convoitée par les Francs...

 

 

3) Langue bretonne, Koad, le bois (mieux qu'une guirlande lumineuse)

Recherches : coët%, coat%, coëd%, coad%, %nhoët, %nhoat, coued%, %couet, %gouët, %goat, %goët  

Pollutions : Les Couëts, Coëtlogon à Rennes.

Exemples : Couëtmeleuc, Penhoët,..

Koad / Koed (bois). Plusieurs choses à remarquer ici. D'abord la carte nous donne une idée de l'ancienne zone médiévale bretonnante avec des noms jusqu' à Nantes (Carcouet) ou  Saint-Père en Retz (Coëtargand). On peut aussi voir les formes en "oe" pour "koed" (en jaune, violet foncé et bleu clair) au sud et à l'est. Et la forme en "oa" pour "koad" surtout dans l'ouest et nord-ouest. Nantes et Rennes semblent avoir ici un rôle "répulsif" (Carcouet mis à part).

 

 

3) Diffusion et religion, Amen !

Recherches : %gildas%, %gueltas, %queltas, %guédas

On peut avoir ici une idée de la diffusion du culte du saint Breton Gildas (Gweltaz en breton, Guedas en gallo).

 

 

4) La langue romane au second Moyen Âge, Les Touches

Recherche : %touche%

Une touche c'est un "petit bois de haute futaie", mot déjà ringard à l'époque moderne. Cette carte nous renseigne donc sur la progression de la langue romane à la fin du Moyen Âge. Bizarrement le pays nantais semble un peu en marge du phénomène. Le nord-est de la Bretagne est très touché (haha, bon je sors). La presqu'île guérandaise est épargnée car de langue bretonne.

 

 

5) La langue bretonne à l'époque moderne et à la fin du Moyen Âge : kêr (lieu habité)

Recherche : ker%

Pollution : les noms en "kêr" de villa de type "Kêr Mon Bonheur" (cf article)

Cette carte fait face à la précédente. Les fameux noms en "kêr" pullulent depuis la fin du Moyen Âge et le début de l'époque moderne, on peut voir ici les zones où la langue était présente. Mini cluster dans le Méné... sans doute un îlot bretonnant tardif

 

 

6) Le gallo éternel,  Les écaubuts

Recherches : %écobu%, %ecaubu%

Synonyme du mot "essart" dans l'ouest du domaine d'oïl. Le nantais est bien représenté.

Une autre carte avec un mot emblématique du gallo : la grée (colline) :

 

7) Bonus : Mont

Recherche : mont%

Pollution :  Noms de type "Montoir", "Montreuil.  Ici beaucoup de noms en "mont" de Bretagne sont des traductions tardives du breton "menez" comme "monts d'Arré" pour Menez Are.

Exemples : Montluc, Montfort, Montauban,...

 

Curieuse carte, celle du mot "mont" en France. Le mot vient du latin et est présent partout dans les zones de langue latine. Bizarrement, ils sont beaucoup moins nombreux sur la côte Atlantique. Une question de relief ? Je ne pense pas, car le nord de la France n'est pas particulièrement haut et est bien représenté ici. En fait, dans ce domaine tout est relatif. On trouve des noms de hauteurs même dans les zones très basses, comme "Le Méné" ("montagne" en breton au Croisic qui culmine à 4,92m au dessus de la mer... ou "Le Mené" de Mesquer à 9m). Aurions-nous là plutôt des étapes de la romanisation linguistique des Gaules ? Avec le fameux couloir rhodanien, véritable autoroute de l'Empire Romain, où les noms en "monts" sont très nombreux et un dégradé vers l'ouest ? En Bretagne les hauteurs sont généralement désignées par des termes d'origine celtique : bre, bran, menez, roz, graz .... en breton ou grée en gallo, plus rarement "pé" et dérivés, du latin podium, mais aussi "tertre", "bosse", "bel air",... 

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16 février 2021 2 16 /02 /février /2021 10:24

Setu heul an tri fennad diwezhañ get un tamm levrlennadurezh.

Amañ e lakan dielfennadurioù gerioù bet dizouaret get an arkeologourion e Bro Naoned ha graet da vare an Henamzer. En desped da ditl ar pennad, nend eo ket trawalc'h bout kavet e Bro Naoned evit bout "Namnet" rak un darn ag ar vro a oa edan beli ar Biktoned (doc'h tu Kreisteiz ar Liger) ha enskrivadurioù o deus beajet (dreist-holl ar sielloù-pod).

 

>CANTO

Kavet eo bet an anv-se e neved Mauves. Nend eo ket aes en er c’hompren rak meur a c’her hañvalson (pedostik) a oa er yezhoù keltiek kozh (canto- = gant, canto- = kant, cantos = kant). Divizet em eus lakaat ar gaoz àr unan anezhe hiziv ha bout n’heller ket bout sur sur enta. Unan ag ar gerioù « canto- » en deus roet ar gerioù gallek « jante » ha « chant », da lâret eo bevenn, bord pe barlenn un dra bennak. Roet en deus gerioù brezhonek ha razh evel « kant » (war e gant = sur le côté) hag ur bochad bommoù deveret evel kanto, kandailh, kantenn… Hrevez Jacques Lacroix (1) e veze graet get ar gerioù-se aveit komz a-zivout bevenn ur vro ivez : Canto a vehe un den ag ar vevenn pe ag ar bord enta. Anv karter Chantenay a za diàr ar mem gwrizienn : *cantinãcon da lâret eo « lec’h ar bord » ha gwir eo ema doc'h brienn ar Liger. Ouzhpenn da gement-se e yae ar stêr-se d'ober an disparti etre an Namneted hag an Ambilatred (kent ar b-Piktoned). Un anv-familh brezhonek a za diàr ar wrizienn-se ivez : Le Cander (2), stumm brezhoneg Naoned anv Kant(i)er (vannier).


1) Gouiet hiroc’h a-zivout hipotezenn J. Lacroix : 
https://www.youtube.com/watch?v=3e7Q_-CJE7c


2) Bertrand Luçon, Noms de famille bretons du pays de Guérande, Yoran Embanner, sous presse.

(Lid dirak un neved evel hani Mauves, tresadenn get Benoît Clarys)

 

COMNERTOS
Anv ur podour siellet doc'h ur pod bet dizouaret e kêr Naoned.
Elfenn gentañ anv ar podour zo ur rakger :  « com-» hañval pakret doc'h an henvrezhoneg « com-» da lâret eo « gant »/  « àr-un-dro » ha daet da vout « kev- », « ken- » pe « kem- » e brezhoneg a-vremañ (comrunos > kevrin, comberos > kember/Kemper,…). Hendad ar ger « nerzh » eo ar ger Nertos. Kavet e veze lies en Henamzer hag en Oadvezh an Houarn, en anvioù tud hag en anvioù-lec'h evel hani kêr Nertobriga e Hispania (« Bre an Nerzh »).  Comnertos zo chomet bev goudevezh e kembraeg « cyfnerth » hag e brezhoneg « kennerzh » (aide, secours mutuel, réconfort) hag er gerioù diveret : kennerzhus, kennerzhiñ ha c'hoazh ha c'hoazh,… Hrevez X. Delamarre e talvehe « Comnertos » kement evel « nerzhus » er salead-hont.

 

>CRESTIO
Sielloù zo bet kavet a-dokad get an anv-se un tammig e pep lec’h e Galia (èl e kêr Naoned lakaomp) pe get hani « Crestus » (e Reudied). Lakaet e veze donet ar podoù-se a Greiz Galia lec’h ma vezent savet er c’hentañ kantved goude J.K. Doc’h ma skriv Delamarre (1) e vehe savet an anv-se diàr *crid-to. Ar ger « krid-» a sinifie « kalon » da gentañ. Kavet e vez e iwerzhoneg (croí = kalon), e kembraeg (craidd = kalon, kreiz) hag e brezhoneg : kreiz. An dibenn -to a dalve d’ober un ger deveret. Crestio ha Crestus a oa « tud a galon » neuze. « Kreiz » a veze distilhet « krès » get paludourion Bourc’h-Baz. Kement-se a ouier rak dastumet e oa bet get Leon Bureau : « Heñn añbraseit a grès hi galéoñ » (Eñ brec’hataet a greiz e galon)(2).


1) X. Delamarre, Noms de personnes celtiques, éditions errance, 2007
2) Y. Mathelier, Le breton parlé dans le pays guérandais, Yoran Embanner, 2017

(Darn-pod Crestus kavet e Reudied)

 

>NANTIO
Engravet àr ur walenn aour bet diguzhet e Reudied. N’em eus ket kavet ar skeudenn. Ur sort aotroù « Duval » e oa hennezh rak « nantiu- » a dalve kement èl «flagenn » er yezhoù keltiek kozh. E kembraeg e vez lâret c’hoazh (nant). Meneget eo e Diellevr Redon e parrez Rufieg e 848 : «unnant ». Bev eo chomet e brezhoneg a-vremañ ivez, aveit lâret « sillon » pe « creux » hag eñv get un troc’h fall lies : an nant > an ant (« ant an houlenn », « creux de la vague », « mervel en ant » = « mervel ouzh ar stern »). 


Mammenn : Kartenn arkeologel Liger Atlantel, p.62
"Nant" e Diellevr Redon.

 

>MALLONI-
Kavet e 1808, e-tal dor Sant-Pêr e iliz-veur Naoned, àr un enskrivadur (1) gouestlet d’an Dis Manibus (d’an « Anaon » en ur mod, mar kavit gwell). Savet eo diàr ar ger « mall- » hag ur lostger (-on). A-gentañ-razh e talve ar ger-se kement evel « goar » pe « goarek », « difonn » ha diàr-se « lezidant » ha pa gomzed a-zivout un den (hrevez X. Delamarre). En iwerzhoneg e vez lâret c’hoazh ha tost eo chomet e ster doc’h an hani kentañ. Gwelet e vez skrivet doc’h an hentoù ha doc’h ar panelloù da lâret d’an dud monet àr o goar « go mall ». Daet eo da vout ar ger « mall » e brezhoneg ivez (ha diàrnezhañ: mallus, mall-e-goll, mallachap,…) daoustoc’h m’en deus chañchet ster un tamm mat. Nepell a-zioc’h kêr Naoned, e bro Blaen er c’haver en anv-familh « Mallo » marse (2), hag e hani « Le Masle » er Vrier (« le pressé »). Setu ha bremañ, « kuzhet an heol, savet ar loer, mall eo kas ar saout d’ar gêr ! »...


Skeudenn 1 : Jean-Marie Le Masle èl a-leizh a Valled arall a oa ganet e Sant-Andrev e geunioù ar Vrier. 1799


1 : An enskrivadur en e bezh : http://db.edcs.eu/epigr/epi_ergebnis.php
2 :  Nemet hag anv « Maloù » ‘vehe amañ ?
Gouiet hiroc’h a-zivout an Dis Manibus get wiki (e galleg siwazh)

 

>LAETVS
E grez an Henamzer (a-geñver d’an eil kantved goude J.K) e oa kibelldioù bras en Arzhon (pe Narton, Arton,.. èl ma karit, hani Bro-Raez atav, edan beli ar Biktoned e oa ar vro d’ar mare-se). E dalc’h ur « villa » e oa ar c’hibelldioù-se ha darbaret e vezent get un doursan hag a yae gwezh àr zouar gwezh edan an douar (hep-he-far en departamant ma zud vat !). E-touezh kement-se e voe dizouaret un dornad darnoù-pod anvioù tud àrnezhe evel hani Laetus neuze. Hrevez Delamarre e tahe diàr lētos (gris), daet da vout « loit » e henvrezhoneg ha « loued » e brezhoneg modern. Stumm "laetos" a zisko e veze diftongennet sort "e" hir da vare fin an impalaeriezh dija. Ur lesanv e oa hep mar, pellgar d’ar re anvet Ar Loued (le Louët, Le Loet, Louedic,…) hiziv enta. Meur a adstumm zo anavet doc’h tu Kreisteiz Breizh evel « luid » ha « luan » ha neuze « loveñneit » (...) e Bourc’h-Baz, dastumet get Leon Bureau («achti blev a fur er loveñneit » = setui blev a flaeri ar loued).
Aveit gouiet hiroc’h a-zivout doursan ha kibelldioù Arton 

 

>PETRECVS

Siell ur podour kavet get F. Chaillou e Reudied e 1908 (1). A-barzh deroù ar ger ema gellet gwelet ar wrizienn « petru-/petuar- » kar d’ar brezhoneg « pevar », « peder », « pevare ». Ar c’hiz e oa get an dud moranviñ o bugale diàr gourz o ganedigezh. Rak-se, gwelet hor boa anv « Cintus(a)mus » e Naoned (da lâret eo  ar mab « kentañ ») ha kavet ez eus bet meur a «allecnos» (eil) pe « tritios» (trede) e Europa an Henamzer (2). Tre-ha-tre evel e latin : Primus, Secundus, Tertius,... Pevarvet mab e familh a c’hellahe bout Petrecos enta. Niveroù petvediñ zo gellet lenn e plomenn Reudied ivez (3). Ur vrav a veaj en deus graet ar ger-se a zoug kantvlezadoù dre hentoù a bep-seurt betak hon amzer-ni. E Bourc’h-Baz e veze distilhet « pyàr »(pevar) ha « pyareik » (pevarvet) 4.

1) Bull. Soc. Arch.Nantes,49,1, 1908 p.99-108
2) X. Delamarre, Noms de personnes celtiques, éditions Errance, 2007
3) Pierre-Yves Lambert et David Stifter, Le plomb gaulois de Rezé, Etudes Celtiques, n°38, 2012

 

>VNDVPIX

E kêr Naoned eo bet kavet hennen àr un darn-pod e stad fall. Get an dorn e oa bet skrivet àrnezhañ anv e biaour: Vndvpix. Nend eo ket aes aes en er c’hompren neoazh. Hrevez Delamarre (1) e vehe *uindo-pict-. Uindo zo daet da vout «uuin » e henvrezhoneg, ha « gwenn » e brezhoneg modern. En henamzer e talve kement evel « gwenn » hag « eürus » ivez, tre evel hiziv enta. « Pict- » zo ur stumm un tammig dic’hortoz bet kavet nepell àr blomenn Reudied (« pixte ») hag a sinifie « pempvet » (dic’hortoz rak arkaekoc’h aveit ar stumm « pimpetos » a weler e lec’hioù arall). Hrevez David Stifter (2) e c’hellahe bout ar ger-se a weler e anv pobl ar b-Piktoned (staliet doc’h tu Su ar Liger just a-walc’h). Pobl ar bempvet lodenn a vehe anezhe enta, da lâret eo re ar c’hreiz (foeñvourion ! 3). Evel Cintusamos (kentañ), Petrecos (ar pevarvet) e c’hellahe a-walc’h U(i)ndupix bout pempvet mab e diegezh. Ha eñv « benniget » pe « eürus », un dra bennak e mod-se… Ne vez ket gwelet spis a-dreuz nivlenn an amzer !


1) X. Delamarre, Noms de personnes celtiques, éditions errance, 2007
2) Lambert Pierre-Yves, Stifter David. Le plomb gaulois de Rezé. In: Etudes Celtiques, vol. 38, 2012. pp. 139-164.

3) Aveit gouiet hiroc'h a-zivout ar liamm etre an niverenn "pemp" hag ar c'hreiz, lennit studiadenn David Stifter.

(Tres Vndvpix evel ma oa bet treset, A. Plouhinec, 1966)

 

 

>CRICI

1962, e porzh skol merc’hed Reudied e voe diguzhet ur vered deviñ korfoù get karg a bodoù, delwennoù pri gwenn, ha benveger graet get eskern (c'hwitelloù, nadoezioù,...1). Ar vered-se a oe anezhi e diwezh an IIvet kantved goude J.K(2). En o zouezh e voe kavet siell Crici neuze. Anv ar podour a za diàr ar ger keltiek kozh « cricos ». Anv un evn e oa. E heniwerzhoneg e kaver « cerc » (yar), e kembraeg « crychydd » (kerc’heiz) hag ar brezhoneg « kerc’heiz » (henvrezhoneg « corcid » 2) evel rezon. Rabezh a zever diàr ar wrizienn « cric- » ha eñv diàr ar ger indez-europeg *kerkos (kog, 3).


1) Kartenn arkeologel Liger Atlantel, p.58

2) A. Plouhinec, Les fouilles du Quartier Saint-Lupien-de-Rezé (L.-A.). Premiers résultats des campagnes 1960-63. In: Annales de Bretagne. Tome 71, numéro 1, 1964. pp. 115-151
2) Geriadur bras Frañsis Favereau
3) X. Delamarre, Le vocabulaire indo-européen, Librairie d'Amérique et d'Orient, Paris, (1984)

 

(Priaj get siell Acvtvs, mirdi Dobrée)

 

>ACVTVS
Siell ur podour kavet e kêr Naoned hag e Reudied ha graet er c’hentañ kantved goude J.K. Amañ e weler ar ger bihan « acu » evit  « herrus », « buan », « prim » hag un dibenn-ger. Get ar rakger forc’hiñ « di- » e vez kavet ivez : diacu- (lezidant) da lâret eo « di-acu », hep herr. Kozh askorn en deus graet hennezh rak chomet eo e kembraeg (diog), hag e brezhoneg dieg, diegus ha diegi. Un den difraeus oa Acutos enta !

 

> Un tamm kompren
Un dihan arre aveit gober un tamm kompren.


1) An darn vrasañ ag an enskrivadurioù zo bet kavet tostik-tra d’ar Liger doc’h tu Reter Bro Naoned. En un tric’horn etre Reudied (dreist-holl)- Naoned-Mauves. Kalon romanekadur-yezhel ar vro d’ar mare-hont ?


2) Hogozik razh an enskrivadurioù zo bet skrivet er c’hantved kentañ pe en eil kantved goude J.K. E "Rannvro Breizh" (B.4 kwa), ouzhpenn 80 % ag ar skrivadurioù graet get an dorn bet kavet get an arkeologourion a oa bet graet da goulz an daou gantved-se. Àr-lerc’h eh a implij ar skritur da goll a-nebeudigoù (ha Romani gwallgaset ivez). Truez eo rak ur prantad pouezus eo bet diwezh an impalaeriezh evit hor yezhoù.


3) Kreñv e chome pouez ar yezhoù keltiek en drebad-hont, ha paot a uhelidi a Naoned a zalc’he da vout anvet en ur mod « Galian » daoustoc’h ma oant edan beli Roma hag "uhel kludet" er gevridigezh (1). Nend eus nemet 18 % a anvioù latin e-touez ar skrivadurioù graet get an dorn àr podoù pri kavet e Liger-Atlantel (2). Paot uheloc'h eo niver an anvioù latin e-touezh an enskrivadurioù ofisiel graet àr vein, an tu-kreñv o deus siken. Kement-se a laka diglosiezh ar gevredigezh-hont àr wel. 


4) Kement-se na vir ket e oa uhelidi desket hag a skrive latin klasel ha troet brav. Ar varzhoneg vihan bet kavet en ur villa e Haute-Goulaine en disko ar-walc’h.


5) En III/IV vet kantved e weler routoù ag ar yezhoù keltiek kozh c’hoazh, lakaomp get siell Caratuccus bet gwelet kent. Nend eo ket souezh e gwirionez rak er IVvet hag er Vvet kantved goude J.K e kaver enskrivadurioù er yezhoù-se un tammig e pep lec’h e Europa ar C’hornôg (kostez Pariz, Bourdel, Galisia, Lusitania, Meseta,…).


(1) R Sanquer, Nantes antique,  Archéologie en Bretagne, 17 (n° spécial Nantes antique), 1978, p. 28
(2) F. Demeslay : Les graffiti sur céramique à l'époque gallo-romaine dans les Pays de la Loire, 1985 (sous la direction de G. Aubin)

 

Mammennoù :

X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errances, 2018

X. Delamarre, Noms de personnes celtiques, éditions errance, 2007

X. Delamarre, Le vocabulaire indo-européen, Librairie d'Amérique et d'Orient, Paris, 1984
A. Plouhinec, Marques de potiers gallo-romains découvertes à Rezé et dans le lit de la Loire, Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest, Année 1966, 73-1, pp. 167-183
L Fleuriot, Quelques remarques sur des noms de Namnètes, Archéologie en Bretagne, 17 (n° spécial Nantes antique), 1978, p. 24-25
J. Hyvert, Estampilles et graffiti sur céramique gallo-romaine découverts à Mauves (Loire-Atlantique) et dans le lit de la Loire voisin, Archéologie en Bretagne, année 1979, p.33
F. Favereau, Les Celticismes, Skol Vreizh, 2017

M. Provost, CAG 44, Académie des inscriptions et belles-lettres, 1988

Y. Mathelier, Le breton parlé dans le pays guérandais, Yoran Embanner, 2017

J. Lacroix, Enquête aux confins des pays celtes, Lemme, 2019

F. Demeslay : Les graffiti sur céramique à l'époque gallo-romaine dans les Pays de la Loire, 1985 (sous la direction de G. Aubin)

R Sanquer, Nantes antique,  Archéologie en Bretagne, 17 (n° spécial Nantes antique), 1978

R. Cloastre. Marques de potiers sur tessons de céramique sigillée conservés au Musée Dobrée a Nantes. In: Annales de Bretagne. Tome 71, numéro 1, 1964. pp. 105-113

Epigraphik datenbank Clauss (http://db.edcs.eu/epigr/epi.php?s_sprache=fr)

Glad meur Liger-Atlantel : https://grand-patrimoine.loire-atlantique.fr

Devri

Geriadur bras Frañsis Favereau


Skeudenn ar pennad : Skudell stampet kavet e Naoned, IV vet kantved, Mirdi Dobrée.

Anvioù an Namneted IV
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12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 07:28

Quand on parle du cartulaire de Redon (et nous avons eu l'occasion de le mentionner souvent ici) on pense généralement à la langue bretonne. C'est effectivement la source principale du vieux breton que nous ayons. Les chartes de ce document précieux sont comme autant de petits instantanés qui nous permettent d'entrevoir ce que parlaient les gens (grâce aux noms des champs vendus ou donnés) à telle époque et à tel endroit. Le pays nantais a aussi la chance d'être très bien représenté dans le cartulaire, et certaines zones semblent bilingues ou romanes dans les chartes (c'est le cas du pays de Châteaubriant et de certaines zones sur les bords de la Loire où nous avons trouvé la majorité de nos exemples).

 

Du « vieux-gallo » ?

Il est encore trop tôt pour parler de gallo au haut Moyen Âge, à l'époque on parle de latin et de latin vulgaire. La langue écrite du royaume de Bretagne est le latin et le peuple parle breton ou latin vulgaire. On parlera aussi de « roman » pour désigner ces parlers issus du latin.

 

Noms de lieux :

(Si vous voulez accéder au texte original il vous suffit de cliquer sur les noms.)

 

Male Masure ( Frossay ,1127) :

À l'époque «masure» désigne une étendue de terrain comprenant les bâtiments de ferme. La « male masure » était donc une mauvaise ferme.

 

Muncels  (Sion-les-Mines, 1104)

Désigne un amoncellement, un tas. On dit « mousiao » en gallo aujourd'hui.

 

Primaudaria : (Juigné-les-Moutiers, 1068/1084)

C'est la Primaudière.

 

Plecxicium (Frossay, 1050)

C'est le Plessis. C'est-à-dire un lieu défendu par une haie tressée.

 

Mortuo Estero : (1081, Machecoul)

Surnom de Renald « de Mortuo Estero » de l'île de Kendelaman à Machecoul (eh oui ça a dû bretonner jusque là, l'Histoire est une petite espiègle...). Il s'agit encore une fois d'un toponyme « mort-étier ».

 

Isartius : (Lusanger, 833)

Les Essarts, terres nouvellement défrichées. Les toponymes romans de cette charte sont sans doute parmi les plus anciens attestés. Ces chartes de Lusanger ont particulièrement intéressé les spécialistes car elles mentionnent à la fois des toponymes bretons (Botcatman, Puluuerno) et romans.

 

Fait : (Lusanger, 833 )

Une zone plantée de hêtres.

 

Campus Alainel (Lusanger, 831)

Le "champ de l'agneau".

 

Surnoms :

 

Petites pépites, certains personnages portent un surnom. J'en ai trouvé quatre :

 

Gefre Le Fol (Pierric, 1148)

Ce surnom charmant est très clair, c'est « Geoffroy Le Fou ». Remarquez l'apparition de l'article « le », c'était l'article du cas régime. Sa première attestation date du XIe siècle (dans la Chanson de Roland). On aurait théoriquement attendu un « li » dans ces deux exemples (cas sujet), mais le cas régime était le plus utilisé et l'article « le » a commencé très tôt à s'imposer face à « li » au point de le faire disparaître. Ce genre d'entorse à la grammaire étaient déjà courant à l'époque.

 

Orri Le Bovier (Pierric, 1148)

On reconnaît bien le mot « bouvier » ici.

 

Aldroen Forsfaet (Donges, 1060)

Peut-être de «fors-fet», c'est-à-dire le "malfaisant".

 

Eon de Bosco (Pierric, 1148)

De Bosco. C'est-à-dire « du Bois ».

 

Kenmarchoc dit "Pupart" (Juigné-les-Moutiers, 1062-1075)

Si le prénom de ce monsieur est bien breton, son surnom est roman, "poupard" désigne d'abord un enfant, un poupon et au figuré un "coquin"...

 

Robertus Merula (Juigné, 1068-1084)

Merula a donné "merle" (méll).

 

Roallen Cervus (Jans, entre 1062 et 1100)

Cervus c-a-d le "cerf".

 

Gradelonus Crosleboc (Juigné, 1084)

Crosleboc = Croûle bois, c-a-d à l'époque "celui qui secoue les arbres".

 

Il y aurait sans doute encore beaucoup à dire sur les mots romans du cartulaire et malheureusement, n'étant pas spécialiste, certains noms de lieux m'échappent : Placet, Omnen ou Conjuda par-exemple. Peut-être que vous avez une idée, auquel cas n'hésitez pas à poster un petit commentaire.

 

Bibliographie :

Sur l'article en vieux-français :

Lene Schøsler, La déclinaison bicasuelle de l'ancien français, Études romanes de l'Université d'Odense, Vol. 19. Odense University Press, Odense, 1984. p.321

Tanguy Bernard, Le Cartulaire de Redon, les noms d'Hommes et les noms de lieux.

 

 

 

(Letavia)

(Letavia)

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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 16:10

La religion qui était pratiquée dans la zone qui nous intéresse avant la christianisation est malheureusement très mal connue. Heureusement, les archéologues découvrent régulièrement des inscriptions ou des représentations (comme le laraire de Rezé, le dieu cornu de Blain, la divinité androgyne de Quilly,...) ayant rapport aux dieux et déesses des anciens Namnetes et Uenetes. La toponymie et l'anthroponymie gardent parfois en mémoire les noms de ces anciens cultes tombés dans l'oubli quelque part durant le haut Moyen-Age.

 

(Dieu cornu de Blain, début de notre ère)

 

 

Noms de dieux :

 

 

La Vilaine :

 

Le nom de la Vilaine vient du gaulois Uicinonia (Vicinoniam fluvium, Greg. de Tours). Sans doute d'un théonyme (un Mars «Vicinnus» est attesté à Rennes) comme c'est souvent le cas pour les fleuves. De plus le suffixe «-on» indique souvent un dieu. La racine «uic-» désigne le combattant ou le vainqueur (irlandais fichid) ce qui est assez cohérent avec l'épithète du dieu Mars.
Dans le gallo de la basse Vilaine la Vilaine est appelée la «Marée» (la marey, la maray), plus au nord elle est prononcée la Vilengn (Guémené). En breton d'Hoëdic on dit simplement Er Vilén (G.Bernier).  Dans son dictionnaire de vannetais, Ar Menteg mentionne une forme bretonne qui ne semble pas être dérivée du français (contraiement à Gwilen, Vilen,...) : Gwinon.

 

 

Mabon :

 

C'est aujourd'hui un nom de famille courant dans le département, on le retrouve aussi attesté dans les noms de lieux. Il s'agit d'un prénom breton qui était encore donné au Moyen-Age (Albert Deshaye) ayant pour origine un dieu bien attesté Mabon (Maponos en gaulois). Formé à partir de la racine « mab » (fils, enfant) il devait s'agir d'un dieu de la jeunesse. Les diverses invocations de ce dieu trouvées par les archéologues prouvent la popularité que connaissait Maponos.

 

 

La Divatte :

 

Du gaulois deua- (déesse). Les rivières déifiées sont légions.

 

 

Arthon :

 

Dans Arthon-en-Retz, Artonos est un dieu assez présent dans la toponymie. La racine arto- désigne l'ours et nous retrouvons le suffixe divin gaulois -on.

 

Grannos :

 

Comme dans le Lac de Grand-Lieu. Ne vous fiez pas à l'orthographe farfelue actuelle, il n'est pas question ici du mot français « grand » mais du gaulois « grannos ». Grannos (le barbu) est le surnom de l’Apollon gaulois (Delamarre). Grannona pourrait être l'ancien nom de la ville de Guérande et ferait référence au même personnage.

 

(Dieu androgyne de Quilly, début de notre ère)

 

Déesses mères:

 

Le culte des déesses mères, souvent représentées comme trois femmes seins nus, est largement attestées dans l'Europe celtique antique. Ces matrae (déesses mères) se retrouvent aussi dans la toponymie. C'est une proposition mais Mérimont en Fay-de-Bretagne pourrait comme les autres toponymes du type Mairé, Méré, Marey,… que l'on retrouve un peu partout en France, être composé du nom de ces déesses symbolisant la fécondité. Le souvenir des déesses (qui étaient souvent associées aux sources sacrées) se retrouve toujours dans l'origine du mot breton "mammenn"  (source) construit à partir du mot "mamm" (mère).

 

 

Lieux de culte :

 

Le «nemeton» ou bois sacré.

 

L'équivalent breton de ce mot est «neved» que l'on retrouve dans deux occurrences à ma connaissance dans le pays nantais: le nom Canevet (kad+neved, guerrier+bois sacré). Et peut-être aussi dans un toponyme de Nivillac: La Grée-Nevet (B. Luçon)

 

 

Le Luc, bois sacré antique.

 

Plusieurs toponymes en Luc existent dans le département (Plessé par exemple : Haut-Luc et Bas-Luc). Selon H. Tremblay ils viendraient du latin lucus qui désignait aussi un bois sacré dans la religion romaine. Les bois et arbres sacrés sont des éléments importants dans de nombreuses sociétés humaines. Même dans la grande Rome antique il y avait un lucus dans le forum (jusqu'à l'incendie de -64).

 

 

Pièce après pièce, les archéologues, historiens, spécialistes des religions et linguistes reconstituent (non sans mal) ces croyances pré-chrétiennes. Mais il faut bien avouer que dans ce domaine nous ne savons encore que peu de chose. L'avenir est certainement encore plein de surprises!

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet, cet article sera donc sans doute réédité.

 

 

Bibliographie :

 

Bertrand L., Les noms de lieux bretons du pays nantais, sous presse. Yoran Embanner.

 

Delamarre X., Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne, éditions errance, 2012

 

Delamarre X., Dictionnaire de la langue gauloise, édition errance. 2008

 

Deshayes A. Dictionnaire des noms de familles bretons, Chasse-marée, 2005

 

Lacroix, J. Les noms d’origine gauloise. Paris: Éd. Errance. 2005

 

Ar Menteg T. Geriadur brezhoneg ar Gevred

 

Bernier G. Toponymie nautique des îles de Houat et Hœdic, Norois, n°22, Avril-Juin 1959. p. 200.

 

Tremblay H, Noms de lieux et itinéraires anciens en Loire Atlantique, Goubault imprimeur, 1996

Feu de Kala-Hañv, exemple de syncrétisme. Ici le feu de joie symbolise la mort de l'hiver.

Feu de Kala-Hañv, exemple de syncrétisme. Ici le feu de joie symbolise la mort de l'hiver.

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20 avril 2016 3 20 /04 /avril /2016 14:10

« Supplie, s'ilz treuvent quelque langage mal aorné par deffaults d'elegance ou plaisant stille, qu'ils l'aient pour excusé, attendu qu'il est natif de Bretaigne et que françois et breton sont deux langaiges moult difficiles a disertement prononcer par une mesme bouche ».

 

C'est ainsi que s'excuse l'historien Alain Bouchart né dans la presqu'île du Croisic vers 1440 dans ses Grandes Croniques de Bretaigne publiées en 1514. Il montre que même s'il était issu d'une grande famille: les Boucharts de Kerbouchard (Bourg de Batz), la langue maternelle d'Alain était le breton.

 

(Alain Bouchart)

 

Alain Bouchart eu une vie bien remplie. Il fut tour à tour notaire, maître des requêtes à la cour du duc de Bretagne, historien, ... et même pirate ! (il participe a des actes de piraterie contre des navires génois, allemands et espagnols entre Belle-Ile et Noirmoutier).

Les archives concernant ces pirates croisicais médiévaux montrent, sans surprise, que la langue bretonne s'entendait à bord. Par exemple, le capitaine Guillaume Trimau qui menait des actions contre les espagnols en 1530 était surnommé "Bihan" qui signifie "petit" en breton.

 

Mais revenons à Alain Bouchart, il est question plusieurs fois de la langue bretonne dans son œuvre. Il décrit, par exemple, la situation linguistique de la Bretagne par la division en trois groupes de trois évêchés (courante à l'époque) :

 

en troys dicelles eueschez comme Dol, Rennes & Sainct Malo, lon ne parle que langaige francois : en trois autres, Cornoaille, sainct Paul & Treguer, lon ne parle que langaige breton, qui est pour tout vray le propre langaige de Troye : & en Nantes, Vennes & sainct Brieuc, lon parle communement françoys & breton.

 

En cette fin du XVe il y avait donc trois évêchés de langue française, trois de langue bretonne et trois mixtes. Cette situation linguistique sera encore d'actualité jusqu'au début du XXe .

La mention de la ville antique Troie est due à une croyance médiévale selon laquelle le breton était la langue des troyens (!).

 

Alain Bouchart donne parfois des indications linguistiques, des traductions:

 

« Daniel appellé drem ruz, qui vault a dire en françoys face vermeille, fut couronné roy de Bretaigne... »

 

Ou encore:

« Vterpandragon : pandragon est langaige breton qui vault a dire en francois teste de dragon. Et pour ce, cy apres, le nommerons doresnauant Vterpandragon. »

 

(Kerbouchard à Batz-sur-mer, village d'origine de la famille)

 

 

Faux modeste ?

 

 

Alain Bouchart s'excuse donc de son français, mais il faut bien l'avouer, il ne parle pas du tout le « galleg saout » (mauvais français). Rien d'étonnant en réalité puisqu'il a fait des études et a dû côtoyer des francophones dès son enfance. Il maîtrise cette langue parfaitement. De plus son œuvre a été relue par plusieurs personnes (lui même et sans doute par les imprimeurs), sans parler des multiples éditions, avec plusieurs corrections.

J'ai tout de même cherché de potentiels bretonnismes passés entre les mailles du filet mais pas de quoi en faire un bouquin; de plus ils pourraient aussi s'expliquer par de simples coquilles de l'imprimeur.

 

(La bataille d'Auray selon les Grandes Croniques de Bretaigne)

 

Par exemple :

 

 

° Près Londres dans la version de 1514 a été corrigé plus tard par près de Londres

 

En breton on dira « e-tal Londrez » ou « e-kichen Londrez » (mot à mot : à côté Londres)

 

° commencea estre corrigé par commencea à estre

Le breton « deraouiñ » comme « komañs » ne fonctionnent pas forcément avec une préposition.

 

ha deroù a rae Youann soñjal e oa e vreureg un den a-vod (Dihunamb)

(et Yann commençait (à) penser que son beau-frère était génial)

 

En breton médiéval on aurait quelque chose comme *e zezrouas bout (...commencea (à) être…).

 

°Peut-être aussi une confusion assez courante dans la phrase suivante, due à la préposition bretonne get qui signifie à la fois « avec » et « par » :

 

Or pour retourner a nostre premier propos, apres que les Rommains eurent ete receuz a rençon auecques ses Bretons

 

J'imagine que Bouchart voulait plutôt dire *par ses Bretons

 

Ce type de bretonnisme est très vivant parmi les locuteurs de français en Basse-Bretagne et des phrases comme « je n'osais pas lever la tête avec la honte » (H. Lossec) sont encore courantes.

 

 

Malheureusement le texte est en prose, il est donc difficile de trouver des bretonnismes phonétiques comme nous l'avions fait pour le briéron Guillaume De Saint André (article par ici).

 

 

 

 

Bibliographie :

 

Bouchart A. Les grandes croniques de Bretaigne (en ligne)

 

Auger M-L, Variantes de presse dans l'édition de 1514 des "Grandes croniques de Bretaigne" d'Alain Bouchart, dans Bibliothèque de l'école des chartes, n°141, 1983

 

De la Borderie A. Études bibliographiques sur la chronique de Bretagne d'Alain Bouchart, Caillère, Rennes, 1909

 

Lossec H. Les bretonnismes, Skol Vreizh, Morlaix, 2011

 

Gallicé A.  "Les bavures de l’action corsaire : l’exemple du Croisic, 1450-1540", Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 2002

 

 

La tour Saint Guénolé et le moulin de la falaise depuis Saint Nudec.

La tour Saint Guénolé et le moulin de la falaise depuis Saint Nudec.

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3 février 2016 3 03 /02 /février /2016 16:05
Kerhineg e Sant Nifar

Kerhineg e Sant Nifar

Hiriv e vo lakaet ar gomz àr un tamm lizherenn a c'heller gwelet c'hoazh àr an tier kozh evel e kreiskêr Periag: “K/varia”. Honnezh zo anvet “k barrennet”.
Ar c'h-k barrennet-se a lenner stank ha stank er c'hadastroù ivez hag ar skeudennoù a welit er pennad-mañ zo bet tennet anezhe.
 
Roudoù kentañ :
 
A-werz zo e oa anezhañ, hag an hani koshañ bet kavet a vehe bet kouchet e 1494.
Neoazh, mechal ha  koshoc'h e c'hellahe bout kel kavout a reer ar stumm K/entre e-lec'h Kerautret e dornskrid "D" al Libvre du Bon Jehan. Siwazh deomp, ne ouier ket reizh mat pegourz e oa bet ledet an dornskrid-mañ àr baper. E dibenn ar XVvet kantved hep mar erbet, ha hrevez al levr Chronique de l'Etat breton e vehe bet skrivet tro dro ar blez 1470.
Komzet hor boa a-zivout ar skrid-se er pennad kent, ha gwelet hor boa e oa bet savet get Gwilherm Sant Andraz, ur penn brierek anezhañ, genedik a Sant Andraz just arwalc'h.
 
Perak ?
 
Ar re a lede àr baper steudadennadoù anvioù tud pe lec'hioù é komañs get “kêr” o doa dleet kavet ken hir o zraoù m'o doa savet un tamm lizherenn nevez a-ratoezh kuit da goll o amzer.
“K/” a c'heller skriviñ timat, “kêr” ne lâran ket, ha eñ da gemer e lec'h.
Hrevez-an-dailh, an darn vuiañ anezhe a veze kavet e bro Gwened hag e Bro Dreger. Mes ne oa ket tu ar c'holl get Bro Naoned, hag evel ma lâren tuchant e oa stank evel brenn an niver anezhe e kadastroù kumunioù zo.
 
 
Setu skouerioù tennet a gadastr Periag bet savet e 1823:
K/vagaret
K/nodé
K/drien
K/gobelle
K/vin
 
Ha kement-arall e kadastr Skoulag e 1819:
K/quesso
K/laray
 
Estroc'h evit ar c'hadastroù a ziskouez sort lizherennoù, en anvioù familh e vezont kavet ivez. Skouerioù a vil vern a zo gellet lenn ivez, lakaomp e rolloù studi-noter kumun Aserag :
K/rolland
K/masson
 
Pe c'hoazh e niveradeg tud Sant Molv
K/duel
K/rio
 
E Skoulag c'hoazh :
K/poißon (ha get un "eszett" àr ar marc'had !)
 

(Louis K/poißon a g-Ꝃallan, 1796)

 
Un harz zo bet lakaet d'an implij-se e dibenn an naontekvet kantvet. Kuzul ar Stad en doa lakaet lemel ar lizherennoù-se tro ar blez 1895 rak start e oa gober getañ (tamallet dezhañ bout start da lenn, ha da luziiñ an enklaskoù).
Anzav a ran ne vez ket aeset gobet gete atav. Lakaomp, e kadastr Skoulag bet gwelet kent e weler anvioù e "ker" hag e K/ kej-mej, hag ouzhpenn kement-se, an den n'en doa ket kemeret ar boan da varreniñ mat e draoù !
 
Ha sed lonket ar c'haezh “K/” e mor an ankounac'h...
...betak bout adkaset d'ar vuhez e deroù an XXIvet a-drugarez d'un nebeut tud o doa c'hoantaet er skriviñ get o c'hlavier. A-c'houdevezh e c'hell an den er c'havet hag er skriviñ e Libreoffice, Word, ha me oar me.
 
 
Evit gouiet pelloc'h :
 
 
 
De Saint-André G. Chronique de l'État breton, texte présenté par Cauneau J-M et Dominique P. PUR, Rennes, 2005
 
 
Gerioù diaes ?
 
Bout a ra gerioù dianavet geneoc'h er pennad-mañ ? na gemerit ket poan get-se ha kit da welet listenn ar gerioù diaes !
 

* Da c'hortoz gwell, anvioù an teir c'humun: Sant Nifar (Saint Lyphard), Sant-Molv hag Aserag (Assérac) zo dre deori.

"Ꝃvagaret"

"Ꝃvagaret"

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23 janvier 2016 6 23 /01 /janvier /2016 16:07

On entend encore souvent que le gallo, le « patois » ne serait qu'un français déformé. Nous avons déjà vu que ce n'est pas du tout le cas et que ce qu'on appelle le gallo est en fait la forme qu'a pris le bas-latin en Bretagne. Il fait partie des langues d'Oïl et du continuum roman.

 

Aujourd'hui nous nous pencherons sur un ensemble de textes médiévaux écrits par un certain Guillermus de Sancto Andrea originaire du pays Nantais (Brière). Vous verrez que certains mots rappellent fortement ce qui peut encore s'entendre aujourd'hui.

 

Guillermus de Sancto Andrea.

 

Notre homme a vécu durant le XIVe et était originaire de Brière, d'où son surnom « De Sancto Andrea » qui n'est autre que l'actuelle commune de Saint-André-des-eaux.

La Bretagne de ce XIVe était un pays déchiré par une redoutable guerre de succession qui opposait (pour résumer rapidement) une Bretagne monfortiste soutenant Jean III de Monfort, alliée aux anglais et luttant contre l’annexion du duché par la France et une Bretagne blésiste soutenant Charles de Blois, alliée aux français.

Comme beaucoup de guérandais, Guillaume soutient le parti de Jean de Monfort dont il deviendra le secrétaire. Il écrira le Libvre du bon Jehan duc de Bretaigne poème retraçant cette guerre fratricide.

De Saint-André ne rate d'ailleurs jamais une occasion de louer le courage des guérandais :

En Guerrande l'ont fist bannir

Que chascun bien s'appareillast

Et en sa garde s'en alast

Et se meïst en ordennance.

Trop pou creignoint touz ceulx de France (v3398)

 

(trad: On fit annoncer à tous de bien s'équiper, d'aller prendre sa garde et se mettre en position de combat. Ils ne craignaient pas du tout ceux de France,)

 

Nous allons donc nous pencher sur ces écrits et vous verrez que ce «patois» n'est pas sorti du néant, mais qu'il a lui aussi une histoire ancienne.

 

 

Vocabulaire :

Quelques comparaisons entre les mots utilisés par Sant-André et le gallo actuel en pays nantais (cela n'empêche pas ces mots d'être bien connu ailleurs!).

 

Ahan (peine, douleur). Idem en gallo.

Ayve (eau), c'est une des formes employées par Saint-André. Ce mot ev se retrouve encore en gallo.

Berton (breton), le voilà le voilà ! Le fameux r syllabique ! De même « grimace » est écrit « guermace ».

Blaign, Blaingn (Blain), la palatalisation finale est toujours d'actualité.

Chouse  (chose), bonnour (bonheur), ... ces "ou" au lieu de "o" sont encore fréquents en gallo nantais.

Cute (cache) mot typique des parlers romans de l'ouest.

Cza (çà) rien d'étonnant ici. Ce mot est devenu très rare en français, il est cependant encore actif en gallo : viens çà = viens ici (Campbon).

Devers (vers) encore actif.

Fiens (fumier) fien ou fian en gallo actuel.

Engoissou (angoissé), les finales en -ou sont déjà nombreuses chez Saint-André : Espagnoux (Espagnols),baratou(r) = trompeur,...

Ennuyt (aujourd'hui) vous avez peut être reconnu le mot anë, ané. Formé à partir de la racine « nuit ».

Flour (fleur) fllourr en gallo.

Huche (crie), mot bien connu, hucher c'est « crier ».

Musser (faufiler) idem en gallo.

Ou (du, au) par exemple dans: «Par especial ou pays » (v.68)= spécialement au pays. Ce petit mot se retrouve encore dans la presqu'île «la voiture ou médecin», «il est ou travail» (Petit Matao).

Pour (peur) idem.

Poure (pauvre) idem.

Prinson (prison), « prise » se dit prinse en gallo.

Quou (queue) idem.

Remenbrer (se)  (se rappeler), toujours actif de nos jours, ce verbe est depuis passé en anglais (to remember) par l'intermédiaire des normands.

Ros (roseaux) semblable en gallo actuel.

Soullaill(soleil) prononcé soulaï actuellement.

Vueill  (vieux) idem.

 

En conclusion, c'est sans surprise que nous retrouvons bien quelques mots ou traits phonétiques toujours présents dans le gallo local.

 

(Good old times)

 

Quelques mots disparus depuis.

 

Coint (élégant) = ce mot n’existe plus en gallo que je sache, mais est passé en breton sous la forme « koant » (joli-e, mignon-e)

 

Malo ! = Cri de guerre des bretons. C'est sans doute de Saint Malo qu'il est question, de la même manière que les français criaient le nom de Saint-Denis et les anglais Saint George.

 

Ardoire (brûler) = n'existe plus en gallo du pays nantais, un cousin proche existe toujours : arsin (goût de brûlé). Le verbe "arder" existe toujours en Penthièvre.

 

 

Gwilherm Sant Andraz ?

 

Guillaume était-il bilingue ? Selon les études de J-Y Le Moign le breton était toujours parlé à Saint-André à cette époque. La toponymie bretonne y est en effet abondante : Kerméans, Brangouré, Rouëllo, Tréhé, Kerquesso, Ker Glâne,  ...

De plus le breton était encore la langue unique ou principale de la masse populaire dans de nombreuses communes de cet ouest du pays nantais qu'il connaissait et aimait tant.

 

Pourtant nous ne savons pas si c'était aussi le cas de la noblesse locale. Elle pouvait très bien « snober » le peuple et parler uniquement roman.

Je n'ai pas trouvé d'indice vraiment convaincant d'une connaissance de la langue bretonne par Guillaume, mais il est certains que son « français » était influencé par la phonétique du breton.

 

1) Neutralisation

 

La « neutralisation » est un phénomène breton qui durcit les consonnes sonores finales : le b de «mab» (fils) se prononce /p/ lorsque le mot est en position finale ou suivi d'une voyelle par exemple.

(Vous en rêviez, le voilà, un tableau avec quelques équivalences entres consonnes sonores et sourdes)

 

Les rimes mettent en évidence ce type de neutralisations :

 

devise/ justice  (il prononcait donc « devise » /s/)

Huche / juge (et « juge » /ʃ/)

De plus il trahit cette prononciation en hésitant entre plusieurs graphie: guise est ainsi écrit parfois guisse ou en écrivant le mot dague « daque ».

 

Il est important de noter que cette prononciation est toujours active dans le gallo local. De Saint-André parlait donc peut être déjà un parler roman à la phonétique influencée par le breton, mais cela ne prouve pas qu'il parlait cette langue.

 

2) Bretonnisation de l'anglais

Plus amusant, le nom de l'anglais Hugh Calveley est bretonnisé en Kervalay. Certainement un jeu de mots, qui pourrait s'expliquer simplement par une familiarité avec la toponymie bretonne.

 

 

3) Braign, bran, brein,..

 

Il y a un mot qui apparaît comme assez mysterieux dans le lexique de Saint-André : « braign », qui fait figure d'insulte :

 

Il ne doit pas estre gourmant

Ne homme braign, ne mesdisant (v.4794)

 

Dans le manuscrit dit A (plus tardif) ce mot n'est pas présent, à la place on lit « purain » :

ne homme purain, ne...

 

J-M Cauneau et D. Philippe hésitent sur ce mot et le rapproche de brehaigne (stérile) ou de bran (son). Ces deux mots existent encore en gallo et la seconde proposition est séduisante, d'autant plus que le mot brennou veut dire « sale » à Nantes et dérive de bran.

Je propose une autre piste ici, l'adjectif breton brein (pourri, infect) qui se prononce fréquemment « bregn » est très souvent utilisé en composition pour former des insultes.

 

Après quelques menus indices qui n'éclairent pas grands choses, il faut bien se résoudre à conclure que nous devrons nous satisfaire d'un « peut-être » à la question initiale, Saint-André parlait-il breton ?...

 

Guillermus parlait-il gallo ?

 

La question peut sembler provocante mais elle mérite d'être posée. Qu'aurait répondu un breton de langue romane à la question « que parlez-vous ? » (gallo, roman, nantais,…), est-ce qu'il avait l'impression de parler une langue différente de celle ses voisins français ou normands ? Langue gallaise et française sont deux teintes d'un tout: le continuum roman (une vidéo sur ce qu'est le continuum roman). C'était d'autant plus vrai à l'époque.

 

Bibliographie :

 

De Saint-André G. Chronique de l'État breton, texte présenté par Cauneau J-M et Dominique P. PUR, Rennes, 2005

 

Reis R., Die Sprache im "Libvre du bon Jehan, Duc de Bretagne", Junge, Erlangen, 1903

 

Auffray R., Le petit Matao, rue des scribes, Rennes, 2007

 

Le Moing, J.-Y. Les noms de lieux bretons de Haute-Bretagne. Coop Breizh, Spézed. 1990

En 1379 les bretons prennent le château angevin de Pouancé.

En 1379 les bretons prennent le château angevin de Pouancé.

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5 décembre 2015 6 05 /12 /décembre /2015 12:43

Nous nous penchons assez souvent sur l'anthroponymie médiévale dans ce blog. Ces prénoms médiévaux étaient, sans surprise, souvent bretons puisque cette langue y était active. Mais qu’en est-il de l'autre côté de la Loire, dans le pays de Retz du Haut Moyen-Âge ?

 

Situation linguistique du pays de Retz au Moyen-Age.

 

Les noms de personnes ne sont pas un bon marqueur de la langue réellement utilisée. Ce n'est pas parce que l'on porte un prénom d'une langue X que l'on parle cette langue X. Beaucoup de « Gwenolé » ne parlent pas breton aujourd'hui, beaucoup de Kevin ne parlent pas irlandais et beaucoup d’Élisabeth ne parlent pas hébreu. Il en était de même au Moyen-Âge. L’existence de prénoms bretons ne prouve pas la présence de la langue.

Pour le faire il vaut mieux regarder du côté de la toponymie, appeler son champ par un nom breton implique forcément la connaissance de cette langue. Pour en savoir plus la situation toponymique du pays de Retz (assez perturbante d'ailleurs) je vous renvoie à ce très bon article.

Au Haut Moyen-Âge, le pays de Retz est roman. Cependant des toponymes bretons épars, surtout sur la côte, impliqueraient la présence d'une minorité bretonnante médiévale et même (assez) tardivement comme à Saint-Brévin (sans doute jusqu'à la toute fin du Moyen-Age). Malheureusement on n'en sait guère plus.

 

(Gourmalon en Pornic)

 

Exemples de prénoms breton dans le pays de Retz.

 

Voici quelques exemples du cartulaire de Redon. À gauche vous trouverez le prénom « normalisé », la version originale dans le texte latin, et la signification du prénom (cf article sur les prénoms bretons).

 

Urvoed (latinisé en Urvodius) (XIè siècle), forme latinisée du prénom Urvoed (Ur= héritage + moed=puissant), ce dernier était le prètre de Chauvé.

 

Riwalon (lat. : Rivallonus), père du précédent. (Ri= roi + gwal= valeur)

 

Catwalon (lat. Cathuallonus), témoin à Frossay le 28/10/1100. (Cad=combat+gwal=valeur)

 

Morvan (lat. Morvanus), témoin à Prigny le 16/07/1103. (mor= grand + man=sage)

 

Glemarhoc (Lat. Glemarhocus), témoin à Prigny le 16/07/1103. (gleu=brave+marhoc=chevalier)

 

Iarnogon (lat. Jarnogonus), témoin à Prigny le 16/07/1103 (iarn=fer+kon=guerrier/chien-loup)

 

Helogon (Lat. Helogonus), témoin à Prigny le 16/07/1103 (hael=généreux+kon=guerrier/chien-loup)

 

Rohoiarn (idem), témoin à Prigny le 16/07/1103 ( +hoiarn=fer)

 

Ewen (lat. Eueno), témoin à Prigny le 16/07/1103 (bien né)

 

Iudicael (lat.Judicaele), témoin à Prigny le 16/07/1103 (iud=seigneur+hael=généreux)

 

Tangi (idem), fils du dernier (tan=feu+ki=chien)

 

Kadoc (lat. Kadoci), témoin à Prigny le 16/07/1103 (kad=combat)

 

 

 

 

(L'acte de Prigny de 1103, pour prendre un acte riche en noms d'Hommes, présente environs 26% de noms bretons)

 

Autres sources :

 

Iuduel, fondateur de la chapelle Saint Guénolé à Prigny en 1038. (iud=seigneur+hael=généreux)

 

Gourmalon, toponyme à Pornic (gour=homme+mael=prince)

 

Harscoët, second seigneur de Retz (houarn=fer+skoed=écu)

 

Minorité bretonnante au sein d'un pays majoritairement roman ou effet de mode ? Le mystère reste entier.

Certains noms d'hommes sont arrivés jusqu'à nos jours, par les noms de famille (Mainguy) ou la toponymie: Gourmalon à Pornic.

Banquet chez le Tiern (prince), troupe Letavia

Banquet chez le Tiern (prince), troupe Letavia

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1 juillet 2015 3 01 /07 /juillet /2015 11:58
Tour-tan ar forn

Tour-tan ar forn

A-vaez d'ar Groazig ez eus ur platur anvet « platur ar Forn ». Meur a vag zo aet da skoiñ àr ar bazoù hag àr ar c'herreg a gaver eno : ar Beniged, ar Gouez-Vaz,...

Brudet ma oa evit bout ul lec'h dañjerus e voe savet àrnezhañ un tour-tan etre 1816 ha 1821.

 

 

Un dra souezhus a zo neoazh, an tour-tan-se a zo bet savet àr ur c'hrug. Ur c'hrug zo ul lec'h savet get an dud, stumm ur manez anezhañ, get mein. Al lec'hioù-se a dalve da vezioù e-grez an Neolitik dreistholl. Reoù brav a gaver en tro-àr-droioù evel hani Gavriniz er Mor-bihan pe c'hoazh hani Disignag e kêr Sant-Nazer. Savet pe adimpllijet int bet betak an Oad-Houarn.

Ha nend eo ket bet beuzet o zalvoudigezh-sakr e islonk an Amzer rak atav int bet doujet get an dud a-c'houde. Evel-se, an arkeologourion en deus kavet, a-barzh krug Roc'h Priol e Kiberen, un den bet interet edan ur c'hrug-kozh (ag an Neolotek) e mare ar Grennamzer (VII-VIIIvet), sed un adimplij àr an diwezhat !

 

Met perak en em gav hennezh er mor-don ?! A pa oa bet savet ne oa ket an douar-bras lec'h m'er gweler hiniv an deiz. Meur a aet àr-raok zo bet graet get ar mor a-c'houdevezh. Krug ar Forn a oa bet savet àr vlaen ur manezig àr an douar.

Ha sed-eñ goloet get ar mor bep gourlanv hiniv an deiz, ha kent-pell ne vo ket gwelet ken kredabl, beuzet ma vo anezhañ.

 

(An douar àr-gil. Diàr :  Cunliffe Barry, Facing the Ocean, Hardcover, 2001)

 

Ur voem eo bet d'an dud gwelet kement-tra, un dra savet, ur c'hrug, kollet er mor, ha bec'h d'an istoerioù, d'ar jubennoù lan a fantazi.

Paot-mat a sorbiennoù a-zivout kêrioù beuzet a veze kontet àr aodoù bro-Naoned evel e Periag lec'h ma vehe bet beuzet ar vourc'h kozh miret enni teñzorioù brav diwallet get korriganed, peotramant e Brandu, e kumun an Drebal, lec'h ma oa goloet ur gêr-veur get ar mor.

 

Sort istoerioù zo bet e platur ar forn ivez moarvat, kement-se a anad àr ar gartenn-mañ. Savet e 1800, skrivet eo lec'h m'ema Platur ar Forn « ruine d'une ville et de son port » :

 

E gwirionez e oa roudoù ag amzer an Neolotek.

 

 

* an anv « ar forn » evit ar pezh a anver « le four » e galleg zo teorik mes moarwalc'h e chom martoloded ag ar mor-bras a oui penaos e vez lâret e brezhoneg.

 

.Foto an tour-tan : Archives 44.

 

Gerioù diaes ? 

Bout a ra gerioù dianavet geneoc'h er pennad-mañ ? na gemerit ket poan get-se ha kit da welet listenn ar gerioù diaes !

 

 

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28 mai 2015 4 28 /05 /mai /2015 09:30

Émile Souvestre (1806-1854) dans son « Les derniers paysans » a décrit le mode de vie des paysans et des ruraux au XIXème siècle sous la forme de différentes nouvelles. Nous avions déjà parlé du Korrigan noir, fantôme inquiétant dont il est question dans une de ses nouvelle relative aux paludiers, nous nous pencherons cette fois sur celle nommée « Les Boisiers » et ayant pour cadre le bourg de Blain et la forêt du Gâvre.

 

Les histoires de Souvestre semblent assez fidèles à la réalité, même si forcément romancées, et sont souvent parsemées de termes en « patois » (en fait en gallo) ou en breton comme nous le verrons plus bas. Enfin ces nouvelles sont souvent aussi l'occasion pour l'auteur de mentionner des croyances locales, et un peu à la manière de Scoubidou, le narrateur homme cultivé, se rend toujours compte que derrière le monstre/fantôme/korrigan.. il y a un petit farceur.

 

« Les Boisiers » donc décrit deux sortes de populations : ceux du « couverts » vivant dans la forêt et ceux hors du « couvert » vivant en dehors, et c'est avec ces derniers que commence la nouvelle.

 

 

Les paysans

 

Il y a une description du bourg de Blain, qui a bien changé en un peu plus de cent ans :

 

"...quand nous descendîmes au bourg, le soleil commençait à disparaître derrière les horizons de Rozet et de Plessé. Une lueur pourprée incendiait les toits de chaume. Les femmes revenaient des vagues de la forêt, portant des fagots d'ajoncs ou de fougères qu'elle retenaient à l'épaule avec la pointe de la faucille; des enfants courraient pieds nus en poussant devant eux des porcs qui arrivaient de la glandée..."


Il est aussi question de paysans vivant à la lisière du bois, ces derniers doivent lutter contre les loups :

 

"quant aux loups, ils n'étaient redoutables qu'en hiver; mais alors ils se rassemblaient par troupes et venaient assiéger les étables"

 

Les loups pullulaient à l'époque dans le secteur, ils sont mentionnés par les plesséens dans une séance de l'administration municipale du canton de St Nicolas de Redon :

 

"Les loups font de si grands ravages dans le canton, principalement dans la commune de Plessé qui renferme une étendue de bois considérable..."

 

 

 

Les boisiers :

 

Les boisiers sont les habitants de la forêt du Gâvre et exercent plusieurs métiers qui sont cités :

 

« navreurs de cercle et d'échalas, aux tailleurs de cuillers, aux tourneurs d'écuelles et de rouets, aux charbonniers, aux fendeurs de lattes, aux sabotiers, population nomade qui habite des huttes de feuillage dans les clairières »

 

Il est aussi question de « chasseurs de miel » qui récoltent le miel sauvage.

 

Une de ces hutte est décrite, leurs conditions de vie apparaissent encore plus misérable que celle des blinois :

 

"toutes les huttes étaient rondes, bâties en branchages dont on avait garni les interstices avec du gazon ou de la mousse, et recouvertes d'une toiture de copeaux. Lorsque je passais devant ces portes fermées par une simple claie à hauteur d'appui, les chiens-loups accroupis près de l'âtre se levaient en aboyant, des enfants à demi-nus accouraient sur le seuil"

 

Une belle description de l'intérieur de ces « loges » est donnée par Émile Souvestre :

 

"Je pouvais saisir tous les détails de l'intérieur de ces cabanes, éclairées par les feux de bruyères sur lesquels on préparait le repas du soir. Une large cheminée en clayonnage occupait le côté opposé à la porte d'entrée; des lits clos par un battant à coulisses étaient rangés autour de la hutte avec quelques autres meubles indispensables, tandis que vers le centre se dressaient les établis de travail auxquels hommes et femmes étaient également occupés."

 

Ces boisiers forment une sorte de société dans la société, et les relations avec ceux « hors du couvert » ne sont pas toujours cordiales. Il est question de razzias effectuées par ces derniers à des époques plus anciennes lorsque les conditions étaient trop rudes dans les bois.

 

 

 

Le Mau piqueur :

 

Le Mau-Piquou, chasseur d'âme de la forêt est mentionné assez longuement dans ce texte, c'est cet être des croyances populaires qui sera utilisé dans la nouvelle pour ajouter un brin de surnaturel. Nous en avions déjà parlé sur l'article concernant ce type de croyance (ici).

 

"_eh bien ! il m'a averti qu'il venait de rencontrer, vers les fourrés de l'Homme-Mort, le mau-piqueur qui faisait le bois.

Il y eu à ces mots un mouvement général; toutes les conversations furent interrompues"

 

Ce dernier est surnommé "avertisseur de tristesse", il porte un cor et tient un chien noir en laisse qui semble chercher des pistes. Lorsque ce dernier sonne son cor c'est qu'il part en chasse, et son gibier se tient sur deux pattes...

Les yeux du Mau-Piqueur laissent couler des flammes.

Ce personnage a comme les autres personnages du type "chasseur d'âme" (Ankoù, Korrigan-noir,...) un rôle d'intersigne, sa présence est en soit un mauvais présage et sa vue suffit à savoir que ses jours sont comptés.

Ce charmant personnage prononce un couplet :

"Fauves par les passées
gibiers par les foulées,
place aux âmes damnées !"

 

Ce qui le rattache au mythe de la chasse sauvage, où le chasseur d'âme entraîne avec lui une troupe d'âmes et d'animaux (comme la chasse Arthur par exemple)

 

Le gallo

 

Tout ce petit monde parle gallo, même si Souvestre semble dire que « l'accent » des boisiers n'est pas le même que celui des paysans, malheureusement nous ne savons pas dans quelle mesure leur parler était différent. Beaucoup de mots gallo sont donc donnés dans ce texte sous une forme francisée :

 

Beaucoup de termes relatifs aux chemins : sente (piste), rabine et ravine (allée), foulée /fulɛj/, passée /pasɛj/ (passage), voyette /vajɛt/ (chemin), passe (piste)

 

Aux plantes : bouée /buɛj/ (bosquet) , rosière (zone de roseaux) et deux termes que je n'ai trouvé nulle part ailleurs : aigrasse (pommier sauvage) et lancygnés (sureau) sont-ils gallos ?

 

D'autres termes sont donnés :

étrêpe : petite faux

placis : clairière

fi !: ma fois !

avette : abeille noire

devantière : tablier

adournée : « bien décoré »(?) selon le contexte.

braverie : beauté (?)

verdaude (surnom) : verdâtre /vèrdawd/

paraître "brave" : paraître « beau », que nous retrouvons sans doute dans « braverie » (cf moyen français "brave" = élégant).

dormeuse (vêtement) : nom d'un type de coiffe

arcis: brûlé

 

Lieux :

 

Des toponymes de la forêt sont aussi cités :

Épine des Haies, Petite Fougeasse, l'Homme-Mort

 

 

Le breton

"Ils font un verbiage que le bon dieu n'y entendrait rien."

 

Les boisiers étant nomades, lorsqu'il y avait des difficultés dans un bois ils n'hésitaient pas à en changer, d'où la présence d'un braconnier: Antoine, originaire de Camors qui utilise la langue bretonne comme langue secrète avec quelques autres boisiers. Réel ou non, ce personnage aurait fini comme garde-chasse dans le bois de Carheil en Plessé.

 

 

Bibliographie :

 

Vous pouvez lire cette nouvelle gratuitement sur le site de gallica :

Souvestre E, Les Derniers Paysans, Tome II, Septième récit

 

Les "Boisiers"
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