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18 avril 2023 2 18 /04 /avril /2023 13:29

Un glossaire de mots turballais se trouve dans le numéro 3 de la revue de la Société préhistorique et historique de Saint-Nazaire, publiée en 1977. C’est un témoignage précieux puisqu’il donne à la fois des informations sur la forme du breton (que nous verrons au début de l'article) qui était parlé dans cette commune jusqu’au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle. Il permet aussi de mieux situer ces parlers du littoral nantais vis-à-vis des parlers gallos (que nous verrons dans la deuxième partie).

Sans surprise le substrat breton y est fort, en voici quelques exemples : 


Cover : Voiles covées, c’est-à-dire teintées à l’encre rouge. Ce mot est à rapprocher du breton vannetais koveiñ (tanner) à comparer avec le gallois cyffaith et le breton KLT kivijañ qui dérivent tous d’un brittonique *kufėθ. On remarque que le mot turballais présente une forme plus archaïque et similaire au vannetais.

Nif : Propre, à rapprocher du breton nifl. Principalement attesté en vannetais.

Débesquer = Enlever les poissons des filets. Ce mot est connu sur toute la côte guérandaise. Il vient du breton dibeskiñ de même sens.

Morzillé = Séché⸱e par la chaleur, du breton morsuilhet (desséché⸱e par le vent).

La ralingue peut-être nommée par deux mots qui viennent du breton : 

Cabestre = du breton kabestr (licol) 

Léven (sans doute de livenn = panne, échine). On retrouve aussi ce mot avec le sens de “ralingue” dans les sermons en bretons de Quéré de Châteaulin :

"Ar vuez a ia e teuz evel an hent great er mor gant liven ar vag o tremen"

(la vie disparaît comme le sillage laissées en mer par la ralingue d’un bateau qui passe)

Le passage de "i" à "e" lorsqu'il n'est pas accentué est aussi courant en vannetais.

Gueldre, Guerde = appâts à base de crevettes (breton geltr, résure de crevettes)

Bourboulles = petites bulles des poissons. A comparer avec le breton bourbouilh clapotement 

Branculer = Se balancer, à comparer avec le mot brakuliñ de même sens en breton vannetais

Regouimer = aller mieux, plante qui flétrie et repart (bretom gwimiñ = donner du regain)

Baille = baquet, breton bailh de même sens.

Padelle = Récipient en terre. Du breton pezel (jatte), l’évolution phonétique du mot est importante. Comme dans certains endroits du vannetais le “z” intervocalique est devenu (ou est resté) /d/. Ouverture du “e” vers “a”.

Gâvre = Portique de bois installé en haut des plages et destiné à faire sécher les filets. Du breton “gavr” (grue)

Disalmonté = Espiègle, turbulent. à rapprocher du breton salmontiñ faire une scène, sarabande

Fenabl = ardent au travail. Breton fonnabl (rapide)

Bao = Mot connu à Piriac aussi (Baho) et qui désigne la pêche à la ligne de fond. Il vient du breton bac’hoù pluriel de bac’h  grosse ligne de fond à hameçons ».

 

On pourrait ajouter d’autres noms bretons courants sur la côte comme :  lontec = chaboisseau, limus = algue verte dérivante, douarin = petit-fils, minaouët = alène, gâvre = étrille... et certains qui semblent breton mais dont je n’ai pas percé le mystère comme Talvé = la cale du bateau… En conclusion, les traits dialectaux qui apparaissent timidement rattachent l'ancien breton de la Turballe à l'ensemble vannetais, sans surprise.

Et le gallo ? Les mots bretons sont nombreux mais le gallo n’est pas en reste à la Turballe et les mots, tournures et expressions connues ailleurs plus à l’est sont nombreux et touchent le lexique comme la phonologie.

 

Partir à s’en aller = Partir

Qui qu'tu veux ? = Qu'est ce que tu veux ?

Peil = Poil.

Veurdée = Virée

Glorieux = Fier (ailleurs "lorieux")

Vrai bon = Très bon 

Du cail = Des choses

Vantier = Peut-être

Guernoiselle = Groseille

Gueurzi = Gelé

Bouquer = Bouder

Coque à neu = Mise à l’eau (d’un bateau) 

Ragaler = Remuer

Mésé = Désormais

Teurtous = Ensemble

Enfené = Ensorcelé 

Rielle = Liseron

J’allin à la pêche  = J’allais à la pêche

En espérance = En attente 

Revelin = Tourbillon, courant d'air
Jarzo= Graminée

 

Pour trouver et acheter la version complète et numérique du glossaire, allez par ici : https://aphrn-asso.fr/revue-numeros/ 

Glossaire de la Turballe
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5 mars 2022 6 05 /03 /mars /2022 13:01

C’est le nom d’un témoin cité dans une charte du cartulaire de Redon à Avessac le premier avril 858. Plutôt qu’un nom, il s’agirait plutôt d’un surnom (la frontière est parfois ténue entre les deux). Cofinoc serait le « confiné » en vieux breton. Voici donc le premier confiné attesté à Avessac ! Alors , bien-sûr, il n’est pas question ici de protocole sanitaire, de gestes barrières ou encore de cluster, être « confiné » au Moyen Age c’est être relégué dans les confins, les limites d’un territoire. Du latin cum finis (avec les limites), que l’on retrouve en gallois cyffin (limite, bord), français confins, etc.

 
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29 janvier 2022 6 29 /01 /janvier /2022 13:12

Topomine est un nouvel outil en ligne qui permet de générer des cartes à partir des noms de lieux. Nous allons faire un petit tour dans le temps et l'espace avec cet outil, sous un angle différent. Il a l'avantage d'être très visuel et rapide d'utilisation, mais il faut bien garder en tête qu'il ne remplace pas une vraie étude toponymique, pour plusieurs raisons :

_Tout les noms de lieux ne sont pas intégrés.

_Il ne prend pas en compte les noms de lieux disparus

_Il y a de la "pollution" ou du "bruit", c'est à dire qu'il peut compter des toponymes qui n'ont rien à voir

_Il n'étudie pas les formes anciennes à votre place

 

Bref, c'est un robot. Malgré ses défauts, ses cartes permettent de donner une idée.

 

 

1) Antiquité, Les noms en -ac

Recherche : %ac

Pollution : "gac", "kerisac", "lac", "bac",...

Exemples : Mussillac, Muzillac, Mezillac, Missiriac, Carnac, Callac,...

En Bretagne, il y a des noms en -ac (comme en zone d'Oc). C'est un vieux sujet de recherche et nous en avons déjà souvent parlé ici. Ce sont des noms d'origine gauloise qui ont pu avoir une influence phonétique bretonne. Sur cette carte on peut voir que la presqu'île guérandaise est au coeur du phénomène. Pour deux raisons, le renouvellement de la toponymie au Moyen Âge y a été manifestement moins fort et parce que le breton local a gardé "-ac" tel quel (ailleurs, dans les zones bretonnantes, il est souvent devenu "-ec" et donc "invisibilisé"). Ce trait affecte même le lexique moderne, comme par-exemple "spineg" (aiguillat) prononcé localement "spinag".

On remarque un autre "cluster" en Basse-Bretagne : le haut vannetais. En zone mixte : le pays de Redon et la Rance.

 

 

2) Premier Moyen Âge, Noms en "tré"

Recherches : tre%, tré%

Pollutions : noms gallos du type "trélebois", heureusement pour notre robot, rarement en un mot

Exemples : Trégouët, Tréffieux, Trélogo,...

Comme ce mot était surtout actif pendant le premier Moyen Âge, dans les zones alors bretonnantes, la différence entre la Basse et Haute Bretagne actuelle n'apparaît pas ici. On remarque une forte concentration autour de la Rance, l'est du vannetais et la presqu'île guérandaise, un petit peu comme sur la carte précédente. Le pays Bigouden, le Cap, Carhaix (!) et le Léon sont aussi bien représentés. En revanche, il y a une bande noire qui traverse le centre de la Bretagne. Des traces des zones plus ou moins peuplées à l'époque ? Si c'est le cas, ces foyers de populations sont près des axes de liaisons Atlantique-Manche : côtes finistériennes, Mor-Bras>Vilaine>Rance (commerce du sel et du vin vers la Grande Bretagne ?). On comprend aussi mieux, avec ce genre de carte, pourquoi des centres de pouvoir du haut Moyen Age breton se situaient dans des endroits comme Redon ou Renac et pourquoi cette zone était aussi convoitée par les Francs...

 

 

3) Langue bretonne, Koad, le bois (mieux qu'une guirlande lumineuse)

Recherches : coët%, coat%, coëd%, coad%, %nhoët, %nhoat, coued%, %couet, %gouët, %goat, %goët  

Pollutions : Les Couëts, Coëtlogon à Rennes.

Exemples : Couëtmeleuc, Penhoët,..

Koad / Koed (bois). Plusieurs choses à remarquer ici. D'abord la carte nous donne une idée de l'ancienne zone médiévale bretonnante avec des noms jusqu' à Nantes (Carcouet) ou  Saint-Père en Retz (Coëtargand). On peut aussi voir les formes en "oe" pour "koed" (en jaune, violet foncé et bleu clair) au sud et à l'est. Et la forme en "oa" pour "koad" surtout dans l'ouest et nord-ouest. Nantes et Rennes semblent avoir ici un rôle "répulsif" (Carcouet mis à part).

 

 

3) Diffusion et religion, Amen !

Recherches : %gildas%, %gueltas, %queltas, %guédas

On peut avoir ici une idée de la diffusion du culte du saint Breton Gildas (Gweltaz en breton, Guedas en gallo).

 

 

4) La langue romane au second Moyen Âge, Les Touches

Recherche : %touche%

Une touche c'est un "petit bois de haute futaie", mot déjà ringard à l'époque moderne. Cette carte nous renseigne donc sur la progression de la langue romane à la fin du Moyen Âge. Bizarrement le pays nantais semble un peu en marge du phénomène. Le nord-est de la Bretagne est très touché (haha, bon je sors). La presqu'île guérandaise est épargnée car de langue bretonne.

 

 

5) La langue bretonne à l'époque moderne et à la fin du Moyen Âge : kêr (lieu habité)

Recherche : ker%

Pollution : les noms en "kêr" de villa de type "Kêr Mon Bonheur" (cf article)

Cette carte fait face à la précédente. Les fameux noms en "kêr" pullulent depuis la fin du Moyen Âge et le début de l'époque moderne, on peut voir ici les zones où la langue était présente. Mini cluster dans le Méné... sans doute un îlot bretonnant tardif

 

 

6) Le gallo éternel,  Les écaubuts

Recherches : %écobu%, %ecaubu%

Synonyme du mot "essart" dans l'ouest du domaine d'oïl. Le nantais est bien représenté.

Une autre carte avec un mot emblématique du gallo : la grée (colline) :

 

7) Bonus : Mont

Recherche : mont%

Pollution :  Noms de type "Montoir", "Montreuil.  Ici beaucoup de noms en "mont" de Bretagne sont des traductions tardives du breton "menez" comme "monts d'Arré" pour Menez Are.

Exemples : Montluc, Montfort, Montauban,...

 

Curieuse carte, celle du mot "mont" en France. Le mot vient du latin et est présent partout dans les zones de langue latine. Bizarrement, ils sont beaucoup moins nombreux sur la côte Atlantique. Une question de relief ? Je ne pense pas, car le nord de la France n'est pas particulièrement haut et est bien représenté ici. En fait, dans ce domaine tout est relatif. On trouve des noms de hauteurs même dans les zones très basses, comme "Le Méné" ("montagne" en breton au Croisic qui culmine à 4,92m au dessus de la mer... ou "Le Mené" de Mesquer à 9m). Aurions-nous là plutôt des étapes de la romanisation linguistique des Gaules ? Avec le fameux couloir rhodanien, véritable autoroute de l'Empire Romain, où les noms en "monts" sont très nombreux et un dégradé vers l'ouest ? En Bretagne les hauteurs sont généralement désignées par des termes d'origine celtique : bre, bran, menez, roz, graz .... en breton ou grée en gallo, plus rarement "pé" et dérivés, du latin podium, mais aussi "tertre", "bosse", "bel air",... 

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26 novembre 2021 5 26 /11 /novembre /2021 10:38


Au 9e siècle, le cartulaire de Redon cite deux hommes Tiernan et Tutworet qui donnent à Nominoë la « randremes » (ranndremmez) dite de Golbin « excepté un tigran » à Ergentet dans l’ancienne paroisse de Cornou (aujourd’hui dans les alentours de Pierric).
Pas très clair ?

>Une « ranndremmez » (rann+ dremm + ez) est une propriété terrienne composée de plusieurs « tigrann » (parcelles avec habitation, tig+rann) et est elle- même composée de «rann » (simple parcelle). Cf le nom de Guérande (Gwenn + rann, la parcelle bénie).

>Le nom de ce petit territoire, Golbin, signifie « pointe, bec » en vieux breton (cf Le Guilvinec, Golvan (passereau), celtique antique Gulbion). Quant à « Ergentet » il s’agit peut-être de l’actuel village d’Enguerdel à Derval.

>Terminons avec les deux généreux donateurs Tiernan et Tutworet. Le nom du premier est formé sur le mot Tiern (prince), le second sur « tud » (gens, peuple) et wored (protection) = protection du peuple.

D'autres noms de lieux sont cités dans cette charte comme celui de la ranndremmez de Liswern ("la cour des aulnes" en breton) ou celle de Bona Font ("la bonne source" en roman cette fois. Ce n'est pas très étonnant car le territoire de Cornou était limitrophe de la zone romane, avec Jans par-exemple qui se trouve à 6 km d'Enguerdel).

Golbin en Cornou (Pierric)
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12 novembre 2021 5 12 /11 /novembre /2021 17:52

En 854, à Plessé (Cartulaire de Redon), éclate une affaire autour de la possession de la villa de Treb-Hinoi entre un certain Lalocan d’un côté, et Couuelic et Brithael de l’autre. « Furent alors entendus les nobles et les habitants de Plessé qui témoignèrent que Lalocan avait plus de droits sur Trebhinoi que Couuellic et Brithael ».

Lalocan est donc le premier plesséen connu.

 

extrait de la charte de Plessé avec le nom de Lalocan

 

Le nom Lalocan est intéressant car il a un homonyme prestigieux de l’autre côté de la Manche. Le livre rouge de Hergest (en gallois médiéval) mentionne Merlin ainsi : « Kyuarchaf ym llallogan vyrdin ». « Je salue mon « lalocan » Merlin »...nous avons là, l’exact correspondant gallois de notre plesséen Lalocan. Fort bien mais que signifie « lalocan » ? Herve Bihan (professeur à l'université de Rennes 2) propose d’y voir un dérivé de la racine « lall » (polysémique mais dont le sens premier serait "efféminé"). Le Lalocan de Plessé comme le fameux Merlin seraient des personnages efféminés ? L’idée pourrait être renforcée par le rapprochement fait entre le nom Merzhin (Merlin en breton) et le mot Milzin/Mirzin (délicat) proposé par Léon Fleuriot. Pour enfoncer le clou, un célèbre homme-sauvage et prophète (parfois confondu avec Merlin) vivant dans les forêts de Calédonie était nommé Lailoken. Il est cité au VIème siècle dans la vie de Saint-Kentigern. Il semble que le monde brittonique médiéval faisait une association entre le fait d'être efféminé et la figure du devin (à l'homme "viril" la voie du guerrier et à celle de l''efféminé" celle de la divination ?).

 

Le mot « llallog » a aussi un sens affectueux aujourd’hui en gallois (ami, frère) mais aussi en breton (lalligenn = chouchou, lallig = homme efféminé, enfant trop choyé). Lalican est toujours porté dans la région de Loudéac, comme nom de famille.

 

Sources :

La charte du cartulaire de Redon (cliquez ici)

Le livre rouge de Hergest (cliquez ici)

A.O.H Jarman, Lailoken a Llallogan, BBCS 9, 1939, pp 8-27, L'étude sur Lailoken / Merlin et le thème de l'homme sauvage (en gallois, cliquez ici)

Cours d'Herve Bihan à Rennes 2

 

https://en.wikipedia.org/wiki/Lailoken

http://devri.bzh/dictionnaire/l/lall-lallig-lellig/

 

Rajout :

à propos de la figure de Merlin en Bretagne, il faut savoir qu'elle est attestée dans plusieurs contes populaires sous divers noms Le Murlu, Merlik, Le Merlin,... à la fois en Haute et en Basse Bretagne. Ces contes contiennent tous le motif de "l'homme sauvage". Qui est une facette importante du personnage dans la tradition brittonique que les gallois appellent Myrddin Wyllt (Merlin Sauvage). Le magicien devenu fou vit dans les arbres parmi les bêtes. Le passage d'une langue à l'autre ainsi que la confusion entre Merlik, Murlu et le mot français "Merle" me font suspecter que le personnage de Jean le Merle de Saint-Dolay pourrait être un avatar de ce motif. Il s'agit d'un tout petit personnage magique qui vit dans une haie de houx à côté d'un tertre sur lequel vivait Gargantua (le tertre au Grippé, ancienne fortification non datée). Il pouvait, dit-on (collectage d'Albert Poulain auprès de Madame Malnoe du Petit-Bezo), traverser la Vilaine jusqu'à Rieux sur son "paletot rouge" magique. Nous avons, bien sûr, trop peu d'éléments pour l'affirmer (son nom, ses pouvoirs, le fait qu'il vive dans les arbres) mais c'est une piste intéressante. 

(Entre les prairies du Bezo et celles de Cran, le tertre au Grippe, demeure d'un avatar de Merlin dans le folklore du pays nantais ?)

Plessé, Lalocan et Merlin… être "efféminé" au haut Moyen Âge
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28 octobre 2021 4 28 /10 /octobre /2021 07:21
Ce (court) texte du XIII siècle à Saint-Gildas-des-Bois (autrefois Lampridic) est riche en noms de lieux et d’hommes (noms et surnoms). On peut remarquer deux choses, d’abord que la majorité de ces noms ont disparu depuis, ce qui nous rappelle que les toponymes actuels ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Ensuite, le roman ne semble pas encore montrer le bout de son nez, ou en tout cas nous n’en avons pas de trace ici (Dom Lobineau, Histoire de Bretagne, 1707)
Lampridic : Ancien nom de Saint-Gildas-des-Bois, formé sur Lann (église) et un nom d’homme Pridic.
Bodan : Nom d’un village, diminutif de « bod » (« demeure » ou « bosquet » en breton)
Penhalic : Nom d’un village, du breton Penn Haleg = Au bout des saules.
Trelan : Nom de village, du breton trev (village) et lann (« lande », ou « église »)
Botfermel : Nom de village, de bod (demeure) et prénom Fermael ("prince solide")
Bisindinis : Nom de village, ? + inis (île)
Trehelmen : Nom de village, de Trev (village) et un nom d’homme Haelmen ("noble et amène"). Aujourd'hui Tréhermain.
Sadornan : Nom de village, à partir d’un nom d’homme *Sadornan ?
Codel : Nom de village, de Koedel (petit bois). Aujourd’hui Couëdé.
Bochel : Cacographie pour *Bothel ?
Bathellac : Nom de village d’origine antique (gauloise)
Noms d’hommes
Evenus Briverus : Ewen de Brière
Grallonus Penbalsun : Prénom Grallon (plein de faveurs « grat + lon ») et nom breton formé de Penn (tête) et balsun ?
Goreden Viator : prénom breton Gourhedenn composé de gour (homme) et heden (docile), son surnom est latin (certainement traduit), viator = voyageur.
 
Source : https://www.google.fr/books/edition/Histoire_de_Bretagne/NZxTAAAAcAAJ?hl=en&gbpv=1&dq=penhalic&pg=PA161&printsec=frontcover&fbclid=IwAR3UzP3WjOsD_tDTv-unOzVcGGYDomeOBsmupjaIamEIIATn2aCaz_xs8TQ
Quand Saint-Gildas-des-Bois parlait breton...
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3 mars 2021 3 03 /03 /mars /2021 13:47

9e siècle Avessac,

un certain Ricoglin donne aux moines de Redon le petit monastère de Castel Uuuel. Parmi les témoins un personnage porte un nom particulièrement archaïque : Dumnouuallon. On a même l'ancienne voyelle de composition (le « o » !). Nous avions déjà vu la première partie de ce nom dans notre série sur les noms antiques trouvés dans le 44 (ici Eredumnos et Dagodubnos  à Rezé). Ce mot (qui avait deux formes : dumnos et dubnos) avait alors le sens de « en-bas », « profond » « monde d’en-bas » et est l’ancêtre du breton moderne « don » (profond ) prononcé [dɛ̃m] à Hoedic.

« -Uuallon » signifie lui « dominant » en vieux breton et dérive de uellaunos (chef, commandant). D’ailleurs, l’équivalent direct de ce Dumnouuallon avessacais se trouvait dans le prénom gaulois Dubnouellaunos (chef du monde d’en bas, maître des enfers, quelque chose comme ça).  On avait le goût du tragique à Avessac à l’époque pour appeler quelqu’un comme ça !


Ps: On trouve aussi un autre prénom de sens proche : Donoual/ Dumuual (1), devenu un nom de famille dans le 44 (Denoual) et qui répond au prénom Donald (du gaélique Dumnall) de dumno-ualos = "souverain des Enfers/du monde d'en-bas"... Tout s'explique !

1) Témoin à Ruffiac dans le cartulaire de Redon

 

Sources :

La charte du cartulaire de Redon en question :

http://telma.irht.cnrs.fr/chartes/chartae-galliae/charte214219/?fbclid=IwAR0vH096ItrSWiFbRV5UwNKjHbcRZaQJr49jNaVaxL7g5OGRKcsIQFuUoew

X. Delamarre, Dictionnaire de la langue gauloise, Errances, 2018

Geriadur bras Frañsis Favereau

 

Un "maître des ténèbres" à Avessac ?
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4 décembre 2020 5 04 /12 /décembre /2020 15:20

Les bateaux aussi ont des noms !


Baptiser et nommer un bateau est un rite ancestral, on place ainsi le bateau sous la protection d’une divinité, d’un endroit, d’une personne, d'un animal ou d’un concept (pour en savoir plus allez voir cette vidéo !).
Dans les registres de matricules de navires des quartiers de Nantes et Saint-Nazaire on trouve quelques formes gallèses comme le "Saint Agnan" (1739), c’est d’ailleurs l’une des prononciations collectées pour la commune de Saint-Aignan (cf Chubendret). On trouve aussi La « Jeune Nanette » (1785) ou la « Jeune Nanon » (1856), diminutifs du prénom Anne ou encore le « Josué », (1739) forme de Joseph. « Fanchonnette » (1873), diminutif de Françoise. Ils sont parfois placés sous le patronage de saints Bretons comme le « Saint-Guénolé » (Nantes, 1926), "Saint Goberien" (Nantes, 1900) ou le « Saint-Malo » à Saint-Nazaire en 1851. Mentionnons aussi le « Rigadeau » en 1856 , yacht de Saint-Nazaire, nom local de la coque. Le « Pimpenot » (1845, Saint-Nazaire), nom d’une sorte de grosse anguille en Brière. « Le Satanite » (« pétrel-tempête » en français), la "Chevrette" (crevette, Le Croisic, 1858). On a aussi des noms bretons comme le « Rozenn » (« la rose », 1898), plusieurs « Penru » (« tête rouge », comme en 1898), la « Groach » (La vieille, 1878), "Avel" ("le vent", Le Croisic, 1853), le « Korrigan » (1882), Karikal ("brouette", Nantes, 1868), ou encore le « Beg Hir » (« dauphin »), goélette à vapeur de Saint-Nazaire (1907), "Penn Avel" (le Croisic, 1878), "Avel Aben" ("vent contraire", Le Croisic), et bien d’autres,… Si vous voulez fouiller, c’est par là : https://archives.loire-atlantique.fr/.../marine-fr-c_5682
Fun fact, il y a un navire nommé Nautilus à Nantes en 1775 !

 

> Gastaouër
Côtre enregistré au Croisic en 1899. 
Alors là on tombe dans la vulgarité ! Gastaouaer est un mot breton signifiant « putassier, paillard ».  C’est tout de même un drôle de nom, mais ce n’est pas le seul dans le domaine  Au 18e siècle on a plusieurs navires nommés « Catin » à Nantes (1739, 1750). Provoquer et faire rire la compagnie était sans doute l’effet attendu. On peut citer un autre style de provoc, la provocation religieuse. On trouve ainsi des noms de démons comme le sloop Méphisto (Le Croisic, 1868) ou afficher son athéisme avec le « Sans Religion » (Nantes, 1839)  qui devaient trancher parmi les multiples « Saint-Anne » et « Saint-Guinolay »…

Source 

 

>Margouille
Sloop construit à Paris en 1902, immatriculé à Nantes.
C’est un mot gallo connu jusqu’à la Baie de Bourgneuf qui répond au breton « morgouilh/morgaoul » (cf https://ichtyo.cnrs.fr/pages/fr/cartefr.php?var=11...). Ce mot est construit à partir des mots « mor » (mer) et kaoul (présure/ caillebotte). L’image rappelle celle du « jellyfish » anglais.
À Pénestin, « morgouilh » désigne au figuré une personne molle, sans énergie. Cet emploi existe aussi en breton moderne.
Coup du destin, le propriétaire de ce sloop, de Pornic, se nomme Caillebotte…
Source 

 

>Les Morées
Porteur à vapeur enregistré à Saint-Nazaire, construit en 1931.
Ce mot (sous la forme « mârée ») désigne la « Vilaine » dans les communes de son embouchure. On le retrouve aussi comme thalassonyme dans « Le Banc des Morées » entre Saint-Brévin et Saint-Nazaire. Si le lien avec le mot « marée » est évident (dans le sens de « reflux ») on peut se demander s’il n’a pas pris localement le sens d’« estuaire ».

Source 

 

>Bidoriquette

Canot à voile construit en 1933 au Croisic, propriétaire du Pouliguen.

Il semble constitué du mot breton « bidoc’hig » (petit dernier, benjamin) et du diminutif gallo/français «-ette ». On trouve d’ailleurs aussi un « Bidoric » immatriculé au Croisic (mais construit au Conquet en 1925 celui-là). Le mot « bidoc’hig » est lui-même composé du diminutif breton «-ig » et de « bidoc’h » (chevreuil), c’est un terme affectueux pour les enfants.

Source 

 

 

Arondelle et Guennelick

> Arondelle est un canot à voile construit en Finlande en 1936, enregistré au Croisic.
> Guennelick est aussi un canot à voile construit à Mesquer en 1935.

>Ces deux bateaux nous offrent les noms de l’hirondelle en gallo (arondelle) et en breton (gwennel, ici au diminutif). Appeler son bateau « hirondelle » semble être un grand classique, il y en a des dizaines. Il est tentant en effet d’associer les propriétés de cet oiseau vif et rapide à son navire !Sourc

Source

Source

 

> Sparouel

Canot construit à Bordeaux en 1909, possédé par un mesquerais, enregistré au Croisic.

Avec ce mot, autant de questions que d’affirmations. Sparouel est une variante du mot breton « sparfell » (épervier). On trouve en effet des formes proches dans certaines zones de la Basse-Bretagne : « spalwer » et « splawer » (splaouhér à Sarzeau par-exemple, cf source 1). Et c’est là qu’est tout le problème, nous avons bien une forme « dialectale », mais est-ce un émouvant souvenir du breton de Mesquer ? C’est possible, le breton était encore parlé dans cette commune quelques décennies plus tôt. Cependant il pourrait aussi avoir traversé la Vilaine. Difficile de trancher ici, peut-être que les lectrices et lecteurs de Mitaw pourront faire avancer le schmilblick ? Source

 

>Pirvolette
Canot construit à Nantes en 1881.
C’est un mot gallo qui veut dire « demi-tour » « volant de raquette ». Il est attesté en moyen-français (pyrevollet, source1) avec le sens de « toupie » « moulinet » et est à rapprocher du français « pirouette » qui avait le même sens à l’origine. Dans la Manche on utilise « à la pirvir » quand on tourne autour d’un axe vertical. La Pirvolette faisait donc des ronds dans l’eau ? Ou virait de bord comme une championne ?

Source 

 

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4 décembre 2020 5 04 /12 /décembre /2020 15:02

Savet em boa kartennoù-mor diàr labour dispar Bertrand Luçon (Noms de lieux bretons du pays nantais, Yoran Embanner). Sed-int amañ. Nend eo ket "troidigezhioù" anvioù gallek pe gallaouek met anvioù-lec'h brezhonek am eus lakaet en o stumm peurunvan a-vremañ. Klasket em eus lakaat stummoù tost a-walc'h doc'h ar pezh a veze lâret get an dud : "Pic'hiriag" (stumm emdroet hag a gaver er skridoù hag en anvioù-familh) kentoc'h evit "Penc'heriag" (stumm etimologel) lakaomp. Ar stumm "Periag" a c'heller menegiñ ivez.

Evit o gwelet gwell : brasait ar skeudennoù pe pellgargit-hi !

Gwerso em boa o graet ha dleet e vehe chañch pe ouzhpenniñ traoù zo, pezh a vo graet p'em bo amzer.

Mar karit gouiet pelloc'h prenit ar levr meneget a-us ! 

(Skoulag-Ar Groazig)

 

(Ar Groazig- Pic'hiriag/ Penc'heriag)

(Pic'hiriag-Mesker)

(Mesker-Pennestin)

(Aodum)

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25 novembre 2020 3 25 /11 /novembre /2020 15:03

Les langues minorisées n'ont pas et n'avaient pas beaucoup de place dans l'hexagone. Au point qu'elles semblent presque invisibles dans la presse ancienne. Seulement parfois elles apparaissent à celles et ceux qui savent les voir. Voici deux exemples qui montrent une pratique vivante du breton et du gallo en Loire-Atlantique (ou plutôt en "Loire-Inférieure !)

Nantes, 1936, réclame publiée dans Le Phare de la Loire. En bas vous pouvez lire (en breton) "On parle breton"

Témoignage discret mais qui en dit long. Le fait de savoir le breton était donc un plus pour attirer les clients à Nantes à cette époque. Il faut savoir qu'il y a eu des monolingues dans la ville jusqu'au dans les années 1960 (au moins) et il fallait bien leur vendre des lits en chêne galbé ! (eh !)

Passons au gallo maintenant avec cette autre réclame :

Les petites annonces de La presqu'île guérandaise proposaient (d'excellent) "corzeau" en 1929, c-a-d dire du "roseau".

 

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