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14 novembre 2022 1 14 /11 /novembre /2022 10:58

 

La numérisation de la presse ancienne par le département est encore à l'origine d'une belle surprise. Les chroniques du comte de Parscau du Plessix dans le Courrier de Saint-Nazaire pendant les années 20. De Parscau du Plessix (1859-1943), c'est un peu notre Anatole le Bras à nous dans le nantais. Licencié en droit, ancien maire de Donges de 1892 à 1925, châtelain du manoir de Martigné en Donges puis de celui de Pen Armor au Croisic,  passionné de navigation, il est surtout connu pour son goût pour les contes et croyances relatives à la mort dans le pays nantais. On lui doit plusieurs ouvrages, "Recueil de contes et croyances populaires de Donges" publié en 1911 et réédité "Contes et croyances populaires de Brière" et "Contes et récits du Croisic". Le style est toujours fleuri, mais les thèmes semblent fidèle à la tradition populaire de l'époque. Voici donc un choix de ces chroniques "La bretagne pittoresque, historique et légendaire", avec le lieu et le thème général de la chronique.

 

Ruffigné, Châteaubriant déplaceur de borne 04/02/1922

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Revenant pardonné à Régnac en Montoir  17/09/ 1921

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Lormois en Donges, La levrette blanche 15/10/1921

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Fantôme, Donges, 11/11/1921

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Le Diable à Pierric  18/08/1923

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Le seigneur de Martigné à Donges 06/01/1021

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Donges, fantômes, 02/11/1923

https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548896923

 

suite : https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548896946

 

La Baule, Penhoet , 05/04/1924

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Le Croisic, Tristan, le neveu de la Mort, 06/06/1924

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> Conte type "Le filleul de la mort" (numéro 332 dans la classification internationale des contes populaires proposée par Aarne-Thompson)

 

?, fantômes, le seigneur de Laubinière 07/06/1924

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Moisdon, fantômes, la dame de Boisorcant : 23/08/1924

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Abbaretz, Joseph Lormier, 08/08/1925

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Vay, Chasse pétrifiée 07/11/1925 : 

https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548899373

 

Prinquiau, château hanté 02/01/1926

https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548899563

et 

https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548899632
 

Prinquiau, fées  : 03/08/1929

https://archives-numerisees.loire-atlantique.fr/v2/ad44/visualiseur/presse.html?ir_alto=27026&id=548903882 

 

Légendes et croyances dans les chroniques de Parscau du Plessix
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30 mai 2022 1 30 /05 /mai /2022 14:33

Parlons un peu mythologie avec la vie de saint sans doute la plus étrange du nantais. Celle de Saint Dolay.


Vous avez sans doute remarqué, Jupiter, Zeus, Thor, Perun, Taranis,... Les dieux de l'orage des mythologies européennes ont beaucoup en commun. La barbe, la force, le char, le chaudron, le combat contre les géants, des histoires étranges de chèvres ou de boucs... Ce n'est pas le fruit du hasard, mais bien parce que ces histoires sont héritières d'un même proto-récit très ancien. Les spécialistes peuvent les comparer pour essayer de dégager la trame du récit d'origine en amont. Ils peuvent aussi aller en aval, vers nous, et chercher les bribes de ces histoires transmises jusqu'à nos jours. Ces vieux mythes ont la couenne épaisse et sont sans cesse transmis et réinterprétés : Marvel, Disney, contes ou vies de saints,… Le vieux dieu de l’orage est toujours dans notre imaginaire.

 

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(Bouroum !)

 

Justement, je pense qu'en plus d'avoir un président jupitérien (sans commentaire), les habitants de la commune de Saint-Dolay ont aussi un patron jupitérien (on dit "jovien" en vrai, "jupitérien" c'est ce qui est relatif à la planète).  Je vais donc me risquer à faire un peu de mythologie, même si je risque bien de me fourvoyer ! Vous m'en excuserez. Dans ce domaine, les corrélations hasardeuses ne sont jamais très loin... J'ai utilisé essentiellement les excellents travaux de Claude Sterckx et de Patrice Lajoye sur ce Jupiter Celtique aux multiples noms, dont le plus fameux est sans doute Taranis.

 

La vie de Dolay

Voici donc la version "détricotée" de la vie de Saint Dolay pour mettre en évidence les différents motifs de son histoire d’après la tradition orale, collectée, surtout, par l’ancien maire de Sévérac H. Le Gourvello au XIXe siècle, mais aussi par A. Fouquet, A. Poulain et H. Dréan (cf biblio).

La légende des 7 saints collectée par Fouquet fait de Dolay le fils d’une reine d’Irlande et le frère de 6 autres saints installés dans les environs : Maudé, Gravé, Perreux, Congard, Jacut et Gorgon.

 

Dolay à l’école

Enfant, il vivait avec sa mère sur la butte du Cliyo
Fort désireux de s’instruire, il allait à l’école à Rieux (ou dans un endroit nommé « Viervé »)
Depuis, la bande de terre qui va du Cliyo à Rieux est plus fertile qu’ailleurs, c’est le chemin qu’il empruntait.
Un jour en classe à Rieux il entendit son père l’appeler.
Le professeur se moque alors de lui car, il y a 9km entre Rieux et le Cliyo. Impossible d'entendre son père.
Dolay dit alors au professeur de mettre son pied sur le sien et le professeur entendit le père de l’enfant (on retrouve une histoire semblable dans la vie de Saint Yves).

(Le Cliyo en bas à gauche et Rieux en haut à droite, geoportail)

 

Dolay et la roue aux corbeaux 

Sa mère lui demande de garder une vache et de chasser les corbeaux qui mangeaient les graines des terres nouvellement ensemencées.
Il met les corbeaux dans une grange (on ne sait pas comment…).
Pour les empêcher de sortir, il place une roue de charrette à l’entrée. Il est d’une grande force pour manipuler une roue enfant.
Cependant, la vache avait fui pendant ce temps et Dolay la retrouve morte.
Il écorche la peau de la bête morte et la met sur ses épaules.
L’animal ressuscite alors.
Selon un informateur de Hervé Dréan, les grolles ont « sué » dans la grange. 
La roue magique fut ensuite placée dans les champs par les habitants et suffit à protéger leurs récoltes des oiseaux.
Selon un informateur d’Albert Poulain :   Quand le temps était clair, on voyait un « passage secret »,  « on disait que c’était la roue de Saint Dolay ».
Une traînée blanche qui apparaît dans le soir dans le ciel entre le Cliyo et Rieux est nommé « la route de Saint Dolay » (sans doute « la voie lactée »).


La source de Saint Dolay

Saint Dolay punit les habitants qui le malmenaient en tarissant leur puits.
À coup de crosse (4 coups) Dolay fait surgir une source dont l’eau se transforme en vin une fois par an, dans le village de la Grignonnais.

 

Taranis et Dolay

 

Taranis - Wikiwand

(Statuette gauloise du dieu de l'orage à la roue)

Parfois les vies de saints traînent avec elles des archaïsmes, des réflexes narratifs qui datent de l’époque païenne pré-chrétienne.

Voici les éléments narratifs qui me semblent pouvoir être rattachés aux mythes de Taranis :


Le dieu de l'orage comme Dolay :

A pour attribut la roue

A pour attribut le bâton / crosse

A un rôle cosmique

Fertilise

Protège les récoltes

A une grande force

Est instruit

Essaye de protéger du bétail face à des nuisibles

Neutralise ces nuisibles

Peut redonner la vie

Est fêté en juin (Saint Dolay est fếté le premier dimanche après le 1 juin)

 

L’histoire de la roue aux corbeaux a beaucoup en commun avec une histoire redondante du Dieu Orage : La lutte contre le démon pour la fertilité du pays.

Perkūnas, le dieu de l’orage letton lutte contre un diable, Jods, qui a volé la fécondité et le bétail. Perun, le dieu de l’orage slave protège le bétail d’un démon qui essaye de le voler. De même avec Indra (le dieu indien de l’orage) qui se bat contre Vala qui cache le bétail dans une caverne. A la suite de cette mésaventure, il devient le dieu protecteur des agriculteurs, garant des récoltes et de la fertilité.

 

 Attributs :


La roue :

Taranis, le Jupiter celtique est une sorte de super-gargantua qui combine paillardise et omniscience. Son attribut principal était la roue, la roue cosmique, la roue « tonnante », car comme le Jupiter romain, Taranis gouvernait le ciel et l’orage. Les archéologues en trouvent à la pelle (la rouelle était une amulette courante, comme en témoigne le moule à rouelle trouvé à Rezé). Or, l’objet qui détone le plus dans les histoires de Dolay est justement son lien avec cette « roue de charrette magique » sortie de nulle part. Lui et sa roue ont aussi un lien avec le monde céleste comme le montre le nom de la Voie Lactée, et l’anecdote bizarre de la « roue de Saint-Dolay » que l’on voyait par temps clair. Il existait dans l’église de Saint Dolay une représentation de la scène des grolles (corbeaux) prisonnières de la roue de Dolay dans la grange. Aujourd'hui disparue malheureusement.

(moule à rouelle trouvé à Rezé, musée Dobrée)


La crosse et la résurrection

Ici nous avons affaire à des topiques des vies de saints. La fontaine et la résurrection. Mais le bâton est un "must to have" car l’autre attribut de Taranis est aussi le bâton, qui donne la vie ou la mort.

 

Fonctions :


Fertilité :

Taranis est le Dieu-Père qui féconde et qui provoque la vie lorsqu’il rejoint la Terre. Le personnage de Dolay semble aussi être très lié avec la fécondité : sa roue protège les champs des oiseaux, là où il passe les terrains sont plus fertiles. Ce motif du saint personnage qui rend un chemin plus fertile se retrouve aussi dans une autre légende nantaise, celle des trois Vierges sœurs (les 3 « Notre-Dames » : Férel, Guenrouët et Nantes, cf H. Dréan).

 

Cavalier à l'anguipède Description Type de représentation qui prospère sous  l'occupation romaine, sans doute aux II et IIIème siècles, mais qui est  propre au territoire gaulois. L'art roman a repris ce thème, spécialement  dans la région Poitou-Charentes, en ...

(Cavalier à l'anguipède, monument gallo-romain représentant le dieu à la roue foulant un démon)


Force :

Dolay avait une force énorme car enfant il pouvait manipuler une roue de charrette.

 

Fêté en juin

P. Lajoye (2016) a montré la corrélation entre le mois de juin et le culte du dieu de l’orage dans les zones anciennement de langue celtique. Sans doute à cause du calendrier agraire, car ce mois précède la période caniculaire et la récolte du blé. Il fallait donc s’attirer les faveurs du dieu garant des récoltes avant cette période essentielle. Ouf, Dolay est fêté en juin, et ça, c’est très jovien ! 


Alors Saint Dolay et Taranis ne ferait qu'un ? On ne vas tout de même pas pousser. Disons simplement que les quelques bribes populaires et tardives de la vie de ce saint sont peut-être les derniers échos d'une trèèèès vieille histoire. Le vieux mythe d'un dieu céleste à la roue qui protège les agriculteurs de nuisibles.

Le motif des corbeaux pourrait être plus récent et a, peut-être, remplacé d’anciens dieux ou géants. Cependant, l'association de rouelle et d'oiseau est courante dans l'art de l'âge du bronze et du fer comme en témoigne ces objets :

La rouelle aux oiseaux de Han-sur-Lesse - Le Soir

(une des nombreuses "rouelles aux oiseaux" de l'age du Bronze et du fer, celle-ci vient de Hans-sur-Lesse)

 

 

Le nom de saint Dolay

Aujourd’hui Dolay, prononcé [dɔlaj] à Bouvron et [do̞lɑ̈j] (« Dolaï », cf Chubri) autour de la commune de Saint-Dolay. Mais les formes anciennes étaient assez différentes : sancti Aelwodi et Sanctus Aelwodus au Xe siècle. On devait avoir quelque chose comme Sant Aelwod, prononcé San’d Aelwoth en vieux breton, d’où la fausse coupe qui a donné Saint Dolay plus tard (le « d » est en fait le « t » du mot « sant »), phénomène typique de la phonologie bretonne.
Pendant des siècles, les ecclésiastiques ont essayé de rattacher les saints locaux bretons obscurs à des « vrais saints ». Saint Dolay n’a pas échappé à la règle et a été affilié à Saint Eloy puis à Saint Aethelwold. Il s’agissait de simples homonymies sans recherches linguistiques réelles. Le malheureux maire de Sévérac, Hippolyte Le Gourvello, en a fait les frais. Dans son article il fait de Saint Dolay une variante de Saint Aethelwold, ce qui lui vaudra les foudres des grands érudits de l’époque : Arthur de la Borderie et Léon Maître. Car les historiens et linguistes rattachent le noms du saint à celui d’Elvod évêque au pays de Galles, aujourd’hui orthographié Elfodd en gallois. Encore une fois, pas sûr qu'Elvod et Saint Dolay soient le même personnage, ils ont simplement le même nom. Le nom brittonique d’Aeluuod dérive de deux racines el (riche ) et both (faveur). Aelwod, riche en faveurs !

(Aeluuodi dans le cartulaire de Redon, charte)

 

 

Bibliographie :

Les collecteurs :

H. Le Gourvenno, Saint-Dolay ou Elvoy, Revue morbihannaise, 1892, pp. 211-213
A. Poullain, Contes et légendes de Haute-Bretagne, Ouest-France, 1995
A. Poullain, Sorcellerie, revenants et croyances en Haute-Bretagne, Ouest-France, 1997
A. Fouquet, Légendes, contes et chansons populaire du Morbihan, Caudéran, 1857
H. Dréan, Autour de la Roche-Bernard, Dastum, 1985
H. Dréan, Êtres fantastiques autour de la Roche-Bernard, Batigne 2020

Dieux de l’orage :

C. Sterckx, Mythologie du monde celte, Hachette, 2009
C. Sterckx, Taranis, Sucellos et quelques autres, 3 tomes, MSBEC, 2005
P. Lajoye, L’arbre du monde, CNRS éditions, 2016
P. Lajoye, Perun dieu slave de l’orage, Lingva, 2015
P. Lajoye, D'un toponyme de Normandie au nom indo-européen du char du dieu de l'orage,  Wékwos 2, 2016, p. 103-108
 

 

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14 janvier 2021 4 14 /01 /janvier /2021 13:18

Dans de nombreuses cultures de par le monde on trouve la croyance en une symétrie entre le monde terrestre et le monde marin. On rencontre des traces de cette tradition dès l’antiquité par exemple sous le stylet de Pline l’ancien : 

« ...ainsi se vérifie l’opinion commune que tous les êtres naissant dans une partie quelconque de la nature se trouvent aussi dans la mer »

(Histoire naturelle, 9)

Puis de manière diffuse à travers le moyen âge en Europe du nord. On pensait alors que chaque animal terrestre avait son équivalent dans l’océan. Dans ces croyances la mer aurait joué le rôle d’une sorte de grande matrice où pouvaient se mélanger toutes sortes de semences et engendrer les plus incroyables chimères (pour en savoir plus lisez cet article de Jacqueline Leclercq-Marx : https://books.openedition.org/pup/3845?lang=en#authors)

(Le "Toussek Mor", bateau construit au Croisic en 1913, le "crapeau de mer", c-a-d la baudroie)

Cette manière de voir les choses a aussi influencer beaucoup de langues, notamment le breton. En effet bon nombres de noms d’animaux marins sont construits de cette manière :


Morhoc’h = cochon de mer (marsouin, cf gallo « morhoux »)
Morgad = lièvre de mer (seiche, cf gallo « morgate», « margate »)
Mordouseg = crapeau de mer , chabot (baudroie, cf gallo « mordousé ») 
Morskoul= milan de mer (cormoran)
Bleiz-mor = loup de mer (requin)
Morc’hast = chienne de mer (peau-bleue)

On pourrait aussi citer l'analogie entre la crevette et la chèvre (chevrette en gallo, gavr/gavrette dans la presqu'île de Guérande (du breton "gavr" chèvre).

Et beaucoup d'autres encore...

Certains de ces mots pourraient bien remonter à l’antiquité celtique puisqu’on retrouve des parallèles en irlandais mais aussi dans le substrat celtique des langues romanes où des mots comme « margade » (seiche), « marache » (baudroie),  «morue»,.. sont connus dans une vaste zone des côtes Atlantiques et semblent formés de la même manière que le breton.

 "La neuvième vague", Ivan Aïvazovski, 1850

"La neuvième vague", Ivan Aïvazovski, 1850

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21 novembre 2020 6 21 /11 /novembre /2020 12:39
Ankou en pays nantais… he’s back

On en avait parlé il y a fort longtemps (ici , il y a 10 ans ! pff j'avais encore mes grosses joues de queniau !). Dans ses légendes bretonnes du pays d’Avessac (1882) le marquis de l’Estourbeillon mentionne une phrase en gallo :

"Qui donc viendra meshui me répondre à la messe ? Jadis dans quel endret, y avait dou peuple en grande foule ; la désolation et l'ankou (1) regnant partout meshui"."

(1) note de bas de page : Ankou, la mort, vieux mot breton conservé dans le patois du pays.

Très bien, mais je pensais que cette utilisation du mot breton en gallo était un « hapax » (c-a-d un mot qui n’apparaît qu’une fois, une sorte d’ovni du vocabulaire). Jusqu’à ce que je tombe sur cet article de Ouest Éclair de 1934 où le mot « ancou » est cité dans une liste de mots « nantais » avec le sens de « malheur » ce qui nous permet de mieux comprendre la phrase de l’Estourbeillon : « la désolation et le malheur régnant partout ».

Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k625635v/f5.image.r=ancou

 

Petit plus : Les noms de famille Nancau ou Nencau ont existés sur la côte guérandaise. Il s'agit de "an Ankoù".
 

Image : le Mirouer de la Mort

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5 mai 2016 4 05 /05 /mai /2016 16:10

La religion qui était pratiquée dans la zone qui nous intéresse avant la christianisation est malheureusement très mal connue. Heureusement, les archéologues découvrent régulièrement des inscriptions ou des représentations (comme le laraire de Rezé, le dieu cornu de Blain, la divinité androgyne de Quilly,...) ayant rapport aux dieux et déesses des anciens Namnetes et Uenetes. La toponymie et l'anthroponymie gardent parfois en mémoire les noms de ces anciens cultes tombés dans l'oubli quelque part durant le haut Moyen-Age.

 

(Dieu cornu de Blain, début de notre ère)

 

 

Noms de dieux :

 

 

La Vilaine :

 

Le nom de la Vilaine vient du gaulois Uicinonia (Vicinoniam fluvium, Greg. de Tours). Sans doute d'un théonyme (un Mars «Vicinnus» est attesté à Rennes) comme c'est souvent le cas pour les fleuves. De plus le suffixe «-on» indique souvent un dieu. La racine «uic-» désigne le combattant ou le vainqueur (irlandais fichid) ce qui est assez cohérent avec l'épithète du dieu Mars.
Dans le gallo de la basse Vilaine la Vilaine est appelée la «Marée» (la marey, la maray), plus au nord elle est prononcée la Vilengn (Guémené). En breton d'Hoëdic on dit simplement Er Vilén (G.Bernier).  Dans son dictionnaire de vannetais, Ar Menteg mentionne une forme bretonne qui ne semble pas être dérivée du français (contraiement à Gwilen, Vilen,...) : Gwinon.

 

 

Mabon :

 

C'est aujourd'hui un nom de famille courant dans le département, on le retrouve aussi attesté dans les noms de lieux. Il s'agit d'un prénom breton qui était encore donné au Moyen-Age (Albert Deshaye) ayant pour origine un dieu bien attesté Mabon (Maponos en gaulois). Formé à partir de la racine « mab » (fils, enfant) il devait s'agir d'un dieu de la jeunesse. Les diverses invocations de ce dieu trouvées par les archéologues prouvent la popularité que connaissait Maponos.

 

 

La Divatte :

 

Du gaulois deua- (déesse). Les rivières déifiées sont légions.

 

 

Arthon :

 

Dans Arthon-en-Retz, Artonos est un dieu assez présent dans la toponymie. La racine arto- désigne l'ours et nous retrouvons le suffixe divin gaulois -on.

 

Grannos :

 

Comme dans le Lac de Grand-Lieu. Ne vous fiez pas à l'orthographe farfelue actuelle, il n'est pas question ici du mot français « grand » mais du gaulois « grannos ». Grannos (le barbu) est le surnom de l’Apollon gaulois (Delamarre). Grannona pourrait être l'ancien nom de la ville de Guérande et ferait référence au même personnage.

 

(Dieu androgyne de Quilly, début de notre ère)

 

Déesses mères:

 

Le culte des déesses mères, souvent représentées comme trois femmes seins nus, est largement attestées dans l'Europe celtique antique. Ces matrae (déesses mères) se retrouvent aussi dans la toponymie. C'est une proposition mais Mérimont en Fay-de-Bretagne pourrait comme les autres toponymes du type Mairé, Méré, Marey,… que l'on retrouve un peu partout en France, être composé du nom de ces déesses symbolisant la fécondité. Le souvenir des déesses (qui étaient souvent associées aux sources sacrées) se retrouve toujours dans l'origine du mot breton "mammenn"  (source) construit à partir du mot "mamm" (mère).

 

 

Lieux de culte :

 

Le «nemeton» ou bois sacré.

 

L'équivalent breton de ce mot est «neved» que l'on retrouve dans deux occurrences à ma connaissance dans le pays nantais: le nom Canevet (kad+neved, guerrier+bois sacré). Et peut-être aussi dans un toponyme de Nivillac: La Grée-Nevet (B. Luçon)

 

 

Le Luc, bois sacré antique.

 

Plusieurs toponymes en Luc existent dans le département (Plessé par exemple : Haut-Luc et Bas-Luc). Selon H. Tremblay ils viendraient du latin lucus qui désignait aussi un bois sacré dans la religion romaine. Les bois et arbres sacrés sont des éléments importants dans de nombreuses sociétés humaines. Même dans la grande Rome antique il y avait un lucus dans le forum (jusqu'à l'incendie de -64).

 

 

Pièce après pièce, les archéologues, historiens, spécialistes des religions et linguistes reconstituent (non sans mal) ces croyances pré-chrétiennes. Mais il faut bien avouer que dans ce domaine nous ne savons encore que peu de chose. L'avenir est certainement encore plein de surprises!

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le sujet, cet article sera donc sans doute réédité.

 

 

Bibliographie :

 

Bertrand L., Les noms de lieux bretons du pays nantais, sous presse. Yoran Embanner.

 

Delamarre X., Noms de lieux celtiques de l'Europe ancienne, éditions errance, 2012

 

Delamarre X., Dictionnaire de la langue gauloise, édition errance. 2008

 

Deshayes A. Dictionnaire des noms de familles bretons, Chasse-marée, 2005

 

Lacroix, J. Les noms d’origine gauloise. Paris: Éd. Errance. 2005

 

Ar Menteg T. Geriadur brezhoneg ar Gevred

 

Bernier G. Toponymie nautique des îles de Houat et Hœdic, Norois, n°22, Avril-Juin 1959. p. 200.

 

Tremblay H, Noms de lieux et itinéraires anciens en Loire Atlantique, Goubault imprimeur, 1996

Feu de Kala-Hañv, exemple de syncrétisme. Ici le feu de joie symbolise la mort de l'hiver.

Feu de Kala-Hañv, exemple de syncrétisme. Ici le feu de joie symbolise la mort de l'hiver.

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13 mars 2016 7 13 /03 /mars /2016 09:24

E Periag e raer «satanic» ag un evnig du ha gwenn anvet hydrobates pelagicus e latin. Kaer eo goût e ta ar ger-se ag ar brezhoneg ha kavout a reer anvioù hañval hed-ha-hed  get aodoù Breizh-Izel, a Houad da Bempoull: satanig. E Hanternoz Bro Galloù e reer «satao » anezhañ, «satanite» e Pikardi, «oiseau du diable» e Normandi ha c'hoazh ha c'hoazh...

Mes pezh liamm en deus ar c'haezh evn-se get an nDiaoul ? Div gredenn veunek zo stag doc'htañ.

 

Hebergeur d'image

 

Evn ar re varv ha daonet.


Ur moranv en deus e Kernev: ar c'habiten konjuret. An dud a grede e veze troet ar gabitened bet drouk doc'h o martoloded da satanig. Kondaonet anezhe da veviñ a-barzh kroc'hen un evn milliget ha da c'houzañv o stuz nevez da viken...

An dud a vor a zouge kas doc'h an evnig-se, trapet e vezent, lazhet ha lakaet a pign doc'h ur peul. Kemeret e veze evel evn a-wall seblant evel ma oa ar gawan, ar vran pe ar vorvran.

Ha tamallet dezhe o devout ul liamm re danav doc'h bed an anaon...

Ouzhpenn kabitened troket o c'horf e c'hellont bout, rak e lec'hioù arall e soñjed e oant martoloded beuzet er mor, lonket anezhe e islonk skontus ha braouac'h ar mor don. Daet int endro edan ar stumm-se da lakaat tregas e penn ar vartoloded hag o familh.

Kredenn strevet un tammig e pep-lec'h ha betak bro-Saoz.

 

Evn ar fallamzer.

 

Evel a pa na vehe ket bet ar-walc'h, ar satanig a veze tamallet dezhañ tenniñ fallamzer ! Ha gwir eo, a p'er gweler é nijal en dro d'ar bagoù e c'heller bout sur e veet edan ar seizh avel edan berr amzer ! Mall eo diskargiñ ar gouelioù !

Ha sed ar c'haezh satanik da vout moranvet «labous an amzer fall » peotramant «paotr an amzer fall ». C'hoazh e bro Gernev.

Ar soñj-se a gaver e galleg ivez : océanite tempête , pétrel tempête pe e saozneg: storm petrel.

 

Ar penaoz hag ar perag:

 

E gwirionez, an evnigoù-se a nij a-raok a pa welont ar fallamzer é tostaat doc'hte hag e taont da gavout repu e roudoù ar bagoù, aze e c'hellont chom en ur lec'h siouloc'h ha pesketa àr o gwar.

Treuzkomprenet eo bet o emzalc'h get an dud, hag e lec'h krompen e tostaont en abeg d'ar fall amzer, eo bet soñjet e tae ar fallamzer en abeg dezhe !

 

Evit gouiet pelloc'h:

 

Giraudon Daniel, Poissons et oiseaux de mer, Yoran Embanner, 2013

 

Garnier Michel, Mots et expressions des gens de mer en Presqu’île Guérandaise, a-barzh Histoire et Patrimoine, n°75, 2011, p2-17

 

Berr Alan-Gwenog, Ichtyonymie bretonne, Brud Nevez, 1973

 

Gerioù diaes ?  

Bout a ra gerioù dianavet geneoc'h er pennad-mañ ? na gemerit ket poan get-se ha kit da welet listenn ar gerioù diaes !

"Me halon e zo duzé é chajelleu er mor !"

"Me halon e zo duzé é chajelleu er mor !"

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16 décembre 2015 3 16 /12 /décembre /2015 20:01

Moarvat hoc'h eus bet tro da welet bagoù kozh skrivet o marilherezh get lizherennoù ha sifroù kammdroek. A-zivout an hengoun martolod-se e vo komzet berr-ha-berr hiziv.

 

Anat deoc'h, bed ar mor zo bet atav unan lan a gredennoù hag ur bern zo chomet anavet mat memb e-touez an dud ned int ket a-vor anezhe : na faota ket lakaat koulined, merc'hed peotramant beleion àr-vourzh kel seblant fall e vehe hrevez ma lârer.

 

(Ur brav a bevar "hebesk" zo gellet gwelet àr ar gartenn-bost-se bet tennet e porzh ar Groazig...)

 

Ar skriviñ-marilherezh zo bet stag doc'h un tamm kredenn ivez : linennoù pe stummoù zo a vehe a-wall seblant. Lâret e veze e-mesk an dud ne vourre ket ar mor gwelet lizherennoù stummet get linennoù a-blom. Kement-se na vehe ket «hebesk», na daole ket pesked. Mes gwashañ zo, skriviñ letrennoù sonn en o flom a lakahe ar mor en arfleu...

 

Sed, kavet o doa ar voraerion un dro da ziskoselliñ : skriviñ lizherennoù kammdroek ha bolzet o dibenn kuit d'en devout linennoù a-blom trema ar mor.

Keneve-se e vehe bet skontet ar pesked get ar vag hag ar c'haezh pesketour a vehe distroet ag e besketerezh hep ket ha netra, mar d'eo ket bet gwallgaset get un taol-mor ivez.

 

Hiniv ne greder ket e sort traoù ken, nemet e farian. Adkemeret eo bet lizherennaoueg an dud a vor e lec'hioù zo evit traoù a hiniv an deiz, get lizherennoù hebesk eo bet savet logo ofisial kêr Douarnenez lakaomp, e levrioù a-ziàr an traoù a vor e vez gwelet aliesik ivez.

 

Tud a zalc'h da skriviñ o marilherezh evel-sen pandeogwir o c'havont brav ivez, hag e jaojont gwell doc'h ur vag mod-kozh. Erfin, ned on ket sur ema «hebesk» al letrennoù-se mes «hedourist» ne lâran ket... Ha me da denniñ ur foto anezhe en ur gerzhet e porzh ar Groazig.

 

(...Ar "pevar"-se, bet skrivet get trebaliz, na ziskouez ket bout hebesk !)

 

Na bout e vez gwelet aliesik àr ar c'hartennoù-post kozh ned eo ket lâret ema ar mod-se d'ober ag ar vro, rak perzhier bro Naoned, evel hani ar Groazig, a oa lan a vagoù daet a vro Gernev. Hag é sellet a-dost e weler e ta an holl vagoù get sort letrennoù ag ar vro-hont. Ha n'em eus ket kavet un anad sklaer anezhe e-touez bagoù bro Naoned (nag e-touez reoù bro Gwened ivez). Da grediñ zo eta, ne oa hani éc'h ober gete keneve martoloded Kernev (mes ned on ket peursur ha mar gouiit pelloc'h lârit din).

 

Gerioù diaes ? 

Bout a ra gerioù dianavet geneoc'h er pennad-mañ ? na gemerit ket poan get-se ha kit da welet listenn ar gerioù diaes !

(Lizherennoù hebesk àr gouc'h ur vag kozh ag ar Groazig)

(Lizherennoù hebesk àr gouc'h ur vag kozh ag ar Groazig)

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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 12:23
Arbre, roches et offrandes à Guémené-Penfao

En Guémené-Penfao, dans la jolie vallée encaissée au bord du Don entre Tréguély et Juzet, dans les bois en face du Tenou, se trouve un chêne poussant sur des rochers.

En plus du charme de l'endroit, le marcheur attentif remarquera des offrandes entre les roches (fleurs, noisettes, jouets Kinder, vierges en plastique,...) et les racines de l'arbre (à gauche sur la photo). Pour y être passé plusieurs fois les offrandes sont régulièrement déposées.

En fait cet endroit s’appelle « l'oratoire de Notre Dame de la Vallée ». Les oratoires peuvent être des lieux de cultes anciens christianisés.

 

« L’oratoire peut succéder à d’anciens lieux de culte christianisés. Mais si certaines images sont des témoignages de christianisation de symboles païens (tels que menhirs, roches, arbres ou sources), toutes n’ont pas cette origine. Elles peuvent aussi marquer le souvenir de lieux miraculeux ou d’apparitions,... » (Wikipedia)

 

Manifestement, notre oratoire niché entre les racines d'un arbre et des rochers se rattache à ces premiers.

Ce sentiment peut être appuyé par le fait que plusieurs légendes cohabitent pour expliquer le sacré du lieux (vous les retrouverez sur ce blog, au nombre de trois).

L'arbre ne semble pas très ancien même s'il doit avoir au moins 100 ans (les arbres poussant sur les rochers sont souvent un peu rabougris). Il est probable qu'à l'origine ce soit plutôt aux pierres que soit voué le culte.


Comme le remarque bien le blog mentionné plus haut, cet endroit se trouve en fait au carrefour de plusieurs sentiers, l'un montant vers le nord, l'autre longeant le Don vers Juzet ou Lizien et enfin un dernier traversant le Don à gué (et aujourd'hui par un pont) et partant vers Mézillac. Mais aussi au carrefour de trois courts d'eau (Le Don, Le ruisseau de Mézillac et celui du bois de Juzet) On pourrait être tenté d'y voir encore une christianisation des croyances liées aux carrefours que nous avions déjà étudiées dans un précédent article.

 

En gallo :

Mézillac = /mezijɑ/

Tréguély = /təʁjeli/

Juzet = /ʒyzə/

Guémené-Penfao = /gemnə/ ou /yemnə/

 

(offrandes sous une racine, 2015)

(offrandes sous une racine, 2015)

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 20:03

Comme chaque année à l'approche de la « basse saison », un petit article sur les croyances un peu inquiétantes du pays nantais ou plus généralement de Bretagne.

Cette année nous décortiquerons le vocabulaire gallo, mais aussi breton, relatif à la sorcellerie. Certains de ces mots sont attestés depuis le Moyen-Age et nous permettent de comprendre sous un angle un peu différent un système de croyances fortement implanté depuis des siècles.

 

 

Breton :

 

Le breton fourmille de mots sur le sujet, leur étymologie éclaire souvent certaines pratiques et croyances. En voici quelques uns

 

Par le cri ou la parole.

 

Arouarzh : Charme

Ce mot est attesté en vieux breton : arwoart formé de *are-uuo-gart portant l'idée de pousser un cri (magique).

 

Par un cercle.

 

Kelc'hiañ : Ensorceler en traçant un cercle magique.

L'image de l'article représente un de ces cercles à tracer. Ce dernier est issu d'un manuscrit de sorcellerie du XVIIIème trouvé en Basse-Bretagne.

 

Par un mégalithe.

 

Lec'hiañ : Ensorceler (par des lutins).

De « lec'h » mégalithe, dolmen. Ce mot met en évidence la peur qu’inspiraient les lieux mégalithiques.

 

Qui entrave.

 

Strobinellañ : Ensorceler.

Ici ce n'est pas le moyen qui transparaît mais le résultat. Ce verbe est formé sur la racine « strob » (obstacle). Le sorcier ou la sorcière entrave. Nous verrons souvent cette idée d'être « bloqué-e ».

 

Par le vent magique :

 

Gwallavelour : fem -ourez, Sorcier

Formé d'un mot bien connu dans le vannetais : gwallavel, le « mauvais vent ». Le collecteur Joseph Mahé le remarque au début du XIXème siècle :

« Les habitants de nos campagnes sont convaincus que certaines personnes ont le pouvoir de nuire par leur seul regard et de communiquer des maladies dangereuses ; ils craignent surtout les cacous et certains mendiants mécontents de ce qu'on leur a refusé l'aumône.

Comme nos villageois donnent à cette fascination le nom de goal avel (mauvais vent), il semblent la regarder comme naturelle et supposer qu'il sort des yeux de certaines personnes de miasmes ou effluves pestilentiels auxquels l'air sert de véhicule et qui portent au loin la contagion. »

 

Compter à l'envers :

 

Diskontiñ : Ensorceler.

Littéralement « décompter ». Lire (souvent des passages de la bible) ou compter à l'envers était vu comme un acte de sorcellerie.

 

Par un animal :

 

Hurusinour /urisinour: devin, vaticinateur.

Formé de "hurusin" (hérisson). Ce petit animal était vu comme maléfique pour les autres animaux, en pays gallo ont le suspectait de faire avorter les vaches "elles avaient vu le hérisson". Certains animaux pouvaient être "enhérissonés". Cette croyance existe aussi dans le domaine bretonnant. An hurusinour (l'enhérissonneur), an hurusinourezh (l'enhérisonnerie) sont des termes connus dans le vannetais par exemple et désigne une personne capable de lire l'avenir.

 

(Calan-Gouiam approchant (Les calendes d'hiver), ces Bretons médiévaux devisent avec inquiétude de la darleveriad (l'oracle) et de ses arwoart (charmes) reconstitution : :Letavia)

 

Gallo :

 

Ancraoudou /ɑ̃kʁawdu/ fem-oère : Sorcier.

Dérivé : angraoudri (sorcellerie).

Terme assez populaire en gallo. Il est aussi connu dans d'autres langues d'oïl : encarauder (Normandie), achamaraudai (Franche-Comté). On retrouve aussi ce mot en vieux français : charreor. Il est aussi attesté en bas-latin, toujours avec le sens de sorcier : caragius.

Ce dernier pourrait être d'origine gauloise selon J. Lacroix (2007) sans plus d'explications.

 

Guenaod /gənaw/ fem : -aode : Sorcier (Mée).

Peut-être bien un dérivé du terme « huguenot », ce terme ayant prit le sens de « païen » dans certains parlers. Ce mot est d'ailleurs connu plutôt dans le nord-est du pays Nantais où les protestants furent assez nombreux. Cependant on dit une « guenaode » et pas une « guenaote », ont pourrait peut être aussi proposer de voir un dérivé de la racine celtique « genn » (coin), qui a donné le breton genniñ (coincer) par exemple. Nous verrons que le nom du sorcier est souvent lié avec l'idée « d'entrave » de celui qui « coince » les autres.

 

Anheudë /ɑ̃hø/ : ensorceler (Guémené-Penfao).

Ce mot vient de « heud » (entrave) justement. Le mot « heud » est aussi connu en breton vannetais et se dit « haod » en KLT. Tout ces termes seraient d'origine germanique (Deshayes).

Ensorceler serait « entraver » ici donc.

 

Sourcièrr /suʁsjɛʁ/ : Tourbillon qui aspire le foin sur son passage (Saint Julien)

Le mot vient bien-sûr de « sorcière ». « Sorcier » se disant « sourcië » à Saint-Julien-de-Concelles. Cette désignation montre la croyance à la faculté des sorciers à se transformer ou à agir directement sur certains mauvais vents.

 

Fisiq /fizik/: Magie noire.

Comme le breton, le gallo appelle la magie par cet emprunt au français « physique ». On dit aussi « emaji » (St Julien).

 

Enfener /ɑ̃fəne/ : ensorceler (Saint-Lyphard).

Dérive de « fesne » (enchantement) que l'on retrouve en moyen français et qui vient du latin « fascinare ». Le mot est bien connu en Haute-Bretagne et dans le nord du domaine d'Oïl, « fénë » (ensorceler, à Redon) ou encore « défenë » (débarrasser de la malchance).  

 

 

Sources :

Mikael, Y., & Cogrel, E.. Pays mitaw, pays breton: histoire, linguistique & toponymie d’un pays breton entre Loire et Vilaine. Blain: Pihern. 2010

Vivant, G. N’en v’la t’i’ des rapiamus !: glossaire de patois du paysnantais. Nantes: Reflets du passé. 1980

Lacroix, J. Les noms d’origine gauloise. Paris: Éd. Errance. 2005

Französisches Etymologisches Wörterbuch

Deshayes Albert, Dictionnaire étymologique du breton, Chasse-marée, Quimper 2003

Auray Christophe, Magie et sorcellerie dans les fermes bretonnes, Ouest France, 2006

Des mots et des sorts
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28 juin 2015 7 28 /06 /juin /2015 07:50

Les vacances et le beau temps approchent alors voici quelques croyances collectées à Piriac par Henri Quilgars et Joseph Mahé.

 

 

Les fantômes des deux amants (Joseph Mahé) :

 

Il y a deux fantômes que les pêcheurs voient, le soir, courir sur la cime des vagues, ce sont ceux d’une dame et de son époux celui-ci s’étant noyé sous les yeux de sa femme, elle devint folle de douleur et se laissa surprendre par la mer dans une grotte de la falaise.

 

 

La ville engloutie (Henri Quilgars) :

 

Ce vieux bourg de Piriac si pittoresque avec ses maisons gothiques de style breton vous pourriez croire qu'il est fort ancien. Non.
L'ancien bourg est aussi sous les mers. La preuve ? N'en doutez pas; la mer ramène à chaque instant nombre d'ossement humains provenant du cimetière de l'ancienne ville. Un endroit cependant a été épargné : le tombeau du roi Salomon, mais jamais on ne le découvrira, car il est gardé par une armée de korrigans semblables à ceux qui peuplent la grotte de la Govelle et gardent l'immense trésor qui s'accumule toujours par les naufrages
.

 

Ces histoires de villes englouties sont des classiques, il y a aussi celle de Brandu à la Turballe. Elles sont dues au fait que la mer a largement avancé depuis le bouleversement du massif armoricain (-5000 a JC)

En 1974 des fouilles archéologique ont confirmés le fait qu’il y a bien eu des établissements durant le néolithique dans ces zones aujourd’hui sous la mer.

 

 

Les korrigans (Henri Quilgars) :

 

Quilgars continue ensuite ainsi :

 

Le korrigan est pour ces populations, un être essentiellement maritime. Elles l’ont transformé et en ont fait un être vivant d'une vie identique à la leur, parcourant la nuit les mers sur de petites barques et attaquant les bateaux qui se risquent à lever leurs casiers la nuit ou à tendre leurs filets.

 

 

Les trésors (Henri Quilgars) :

 

Les trésors ne sont plus sous les pierres, ils sont au fond de la mer gardés par des poissons énormes, ou enfouis dans les grottes qui découpent la côte.

 

Les géants (Henri Quilgars) :

 

La mer, en baissant, laisse à découvert sur la côte de Piriac deux grands monolithes semblables à des menhirs : ce sont les géants de Piriac, deux hommes pétrifiés (raconté à Pen-ar-Ran)

 

 

 

 

Bibliographie :

 

Revue des traditions populaires : T11 (consultable en ligne)

 

Sébillot Paul, Le Folklore de la France, La mer et les eaux douces. Omnibus, 1906

 

Mahé Joseph, Essai sur les antiquités du Morbihan, Galles, 1825

 

(Vue depuis le Nonnerven, Piriac)

(Vue depuis le Nonnerven, Piriac)

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